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En corps libre ? - Page 12

  • Mon parcours jusqu’au Beit Haverim et au groupe de développement personnel

    "Je n'ai pas l'honneur d'être juive et je le regrette.
    La judéité est peut-être aujourd'hui la dernière forme d'aristocratie en laquelle on puisse croire.
    J'appartiens moi même à une famille aristocratique : je suis donc bien placée pour savoir que  cela ne signifie rien.
    Être juif, signifie beaucoup de choses.
    Il y a une noblesse de l'esprit en éveil, qui s'obtient par des siècles de peur, de foi, de courage, d'intranquillité.
    Cette façon d'être noble appartient aux juifs plus qu'à tous les autres.
    Je la salue et la remercie d'exister."
    Amélie Nothomb

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  • L'Ile de la résurrection

     

    "C'est un beau jour pour mourir"

    C'est une phrase que nous connaissons tous, tirée d'un film, d'un proverbe amérindien ou les deux, qu'importe...

    En 2005, l'année de mes  33 ans, je demeure là, sonnée, la tête en bas avec une sensation de vertige au bas du volcan Snaeffelsjokull.

    Après trois tonneaux, la ceinture de sécurité me maintient comme crucifiée et compriment les os de mes hanches.

    A mes cotés, à la place qu'on qualifie du mort, se trouve mon ami d'enfance Jean-Luc, heureusement bien vivant malgré qu'il ait percuté la tête contre le parebrise.

    Silence. "Nadia, ca va ?" "Oui, nous sommes vivants, on dirait".

    Je décroche la ceinture et mon corps retrouve sa gravité naturelle, puis pousse la portière conducteur qui résiste contre la mousse ancestrale.

    Un interstice suffisant me permet de me faufiler dehors et de dégager la portière de Jean qui retrouve la position verticale.

    Je n'ai qu'une égratignure à la main, Jean-Luc, qui n'avait pas bouclé sa ceinture s'en tire avec une bosse mais ne semble pas blessé.

    Nous sommes seuls comme on peut être seul sur la lune.

    L'astre solaire est à son apogée, je ne me souviens plus de l'heure ; la luminosité ne cesse jamais au mois de juin au pays des Vikings.

    Au loin, un paysage plat à perte de vue, sans arbre et au loin cette montagne magique qui fascinait déjà Jules Verne qui la considérait comme une porte menant au centre de la terre mais également comme le centre cosmique de l'univers pour les bouddhistes

    Plus tard, j'ai pu lire une interview d'un auteur Français Jean-Michel Roux qui comparait la puissance spirituelle protectrice de ce volcan/glacier au Mont Bugarach.

    Ainsi j'appris que c'est le seul volcan d'Islande qui d'après une saga du XIVème siècle, était la demeure d'un dieu Bardur, un des premiers colons vikings qui vécut au IXème siècle. A sa mort, il se réfugiât dans la montagne pour devenir son esprit protecteur.

    Beaucoup d'islandais, peuple passionné par l'invisible prétendent communiquer et voyager avec Bardur.

    A l'époque, il existait encore des parcelles de la route n°1 qui fait le tour de toutes les côtes islandaises inachevées et parsemées de gravier.

    Quelques mètres avant la fin de l'asphalte, nous avions loupé le panneau indiquant le changement, car préoccupés par un crachin de pluie soudain, quoique habituel sur cette ile, nos quatre yeux restèrent rivés sur le tableau de bord à chercher comment mettre en marche les essuies glace.

    Le ciel pleurait quand même à 60 km/heure, les graviers se transformèrent en patinoire et mes poings n'ont pu retenir le volant. Puis le manège improvisé du véhicule, tantôt sur les roues, tantôt sur le toit.

    Pendant ces quelques secondes, la seule pensée qui me vint, fut "Seigneur, faites que même si je meurs, je ne tue pas Jean-Luc."

    Je fus exaucée.

     

    Ainsi, nous sommes seuls à coté de notre voiture détruite. Toutes les courses alimentaires que nous venions d'acheter au supermarché Bonus, ainsi que nos affaires personnelles ont jailli du coffre pour se disséminer à plusieurs mètres du véhicule.

    Aucune trace de vie humaine visible à l'horizon, pendant un temps qui nous semblait sans fin.

    Jean-Luc, de rage, donnait des coups de pieds à l'épave.

    Cela fit arriver un véhicule à l'horizon, que nous attendions comme un marin échoué en mer. Un couple d'américains vint à notre rencontre, s'inquiétant de notre santé  et appelant les secours.

    La police fut rapidement sur les lieux, amassant nos affaires dans de gros sacs poubelles noirs : "You are very lucky".

    Nous nous retrouvâmes dans un hôtel confortable avec petit déjeuner inclus dans la "ville" la plus proche Olafsvik.

    Il faut savoir ce que signifie "ville" au pays des elfes ; 70% des habitants de l'ile vivant à Reykjavik, les "villes" comportent juste le strict nécessaire : une station service  faisant office de snack/restaurant, une banque et une église.

    La banque se situait juste en fac de la fenêtre de notre chambre et ce détail a son importance.

    Ainsi que la présence à proximité de l'office de location où nous attendait une voiture flambant neuve, à condition de payer la forte somme de franchise après notre accident.

    La proximité de la banque me semblait une chance : tout allait se régler rapidement après avoir retiré la somme demandé, nous convînmes je m'en chargerais et que Jean-Luc me rembourserait au retour.

    Cependant, j'avais occulté que ma carte bancaire à débit limité ne me permettait pas de retirer autant d'argent en si peu de temps, d'autant que l'argent liquide dont nous disposions encore suffisait juste à payer les nuitées d'hôtel.

    Je me chargeais de négocier avec mon anglais approximatif avec une employée de la banque très compatissante qui me permit de contacter ma conseillère bancaire à Paris.

    La pression montait entre moi et mon ami Jean-Luc qui tournait en rond en fumant dans la chambre, envisageant les possibilités les plus catastrophiques : quitter en douce le pays, être arrêtés à la frontière et terminer en prison.

    "Les islandais ne rigolent pas avec ça."

    Nous étions aussi fauchés que les arbres de l'ile, nous nourrissant du petit déjeuner inclus et dissimulant quelques brioches pour tenir la journée.

    Il y eut un premier jour, un second puis un troisième. La vision constante de la banque devenait un cauchemar.

    Le dernier jour, pour nous changer les idées ou trouver le salut miraculeux à notre cauchemar, nous eûmes envie de visiter l'église aux trois clochers de Olafsvik à 200 mètres de l'hôtel.

    L'atmosphère était étrange, sous le ciel noir, des oiseaux dont j'ignorais le nom, tournoyaient en poussant des cris de guerre et fonçaient sur nos têtes en perdant en altitude, comme dans le film "Les oiseaux" d'Hitchcock, qui, enfant me terrorisait.

    Nous courûmes la petite distance pour nous réfugier dans l'église qui était ouverte.

    Je n'ai jamais compris la raison de cette rage, peut-être le béret que je portais et qui pouvait de haut, ressembler à un œuf.

    En état de choc après l'accident, épuisée par ces jours de négociation sans espoir d'issue, je me sentais dans un état second, coupée de la réalité et ne pouvant plus réfléchir.

    Jean-Luc eut l'excellente idée pour évacuer ce stress post-traumatique de prendre le volant de notre nouvelle voiture pour rejoindre la côte et le ferry qui nous menait à l'ïle de Flatey où nous passâmes deux jours.

    Cette minuscule île sur la péninsule de Snaefellness n'excède pas deux kilomètres de long pour 1km de large, l'idéal pour se sentir en sécurité comme dans un cocon protecteur.

    Nous fumes hébergée par une femme d'une maison d'hôtes qui y vivait seule avec son fils d'environ 5 ans.

    Notre peu de maîtrise de l'anglais alliée à la sienne, nous plongeait dans un silence méditatif.

    Soudain, le petit garçon sortit un jeu de société que nous aimions particulièrement Jean-Luc et moi et qui ne nécessitait pas de parler : le jeu des petits chevaux.

    Quand mon dernier cheval bleu atteignit l'écurie, j'ai su que nous étions sauvés car vivants.

    Lors de mon dernier voyage sur l'ile magique onze années plus tard avec un groupe d'amis, j'ai refusé de prendre le volant ; je crois qu'il ne faut pas trop titiller Bardur pour une autre résurrection.

    Texte écrit en avril 2017

  • Etre végane, être extrémiste ?

    Parfois, quand des gens s’étonnent de constater ce que je mange ou ce que je ne mange pas, je réponds ceci:

    « Je suis extrémiste ».
    -Tu manges du poisson quand même?
    -Non. Je suis extrémiste. Je ne mange ni viande, ni poisson, ni oeufs, ni produits laitiers. Je n’achète jamais de cuir, de soie ou de laine. Tu vois, je suis vraiment extrémiste.
    -Ha bon…

    Comme vous le constatez, votre interlocuteur n’aura pas grand chose à répondre de plus que « ha bon » ou « ha d’accord », et ce même s’il n’est pas d’accord du tout et qu’il vous trouve très bizarre. Mais au moins, il ne vous accusera pas d’extrémisme, c’est déjà fait.
    Mais si je me dis extrémiste, ce n’est pas uniquement pour enlever aux autres le loisir de le faire à ma place. C’est parce que je pense que c’est un peu vrai. La question est plutôt: que veut dire être extrémiste? Est-ce mal?

    Certes, comme l’illustre Veggiepoulette, il n’y a rien d’extrémiste en soi à ne pas vouloir manger du fromage ou à choisir le coton plutôt que la laine. Et parfois, je trouve totalement ridicule qu’on considère comme extrémiste le fait que je veuille un repas constitué uniquement d’ingrédients végétaux, ce type de repas devrait selon moi être la norme.

     C’est ce conditionnel que je prends et compte quand je m’accuse d’extrémisme. Cela devrait être la norme, mais ça ne l’est pas. La norme, c’est viande + garniture, et peu importent la logique, la souffrance des bêtes, la santé des humains, la destruction impitoyable de notre planète bleue, peu importe qu’on brûle notre propre maison. C’est la norme.

     Hé bien moi, je suis contre cette norme. Je suis donc extrémiste.

     

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    Elevage non-extêmiste où tout est normal

     

    Les gens qui me taxent d’extrémiste sont les gardiens de la norme sociale. Tout individu élevé dans cette société sera, à un moment où à un autre de sa vie, défenseur de la norme sociale, des valeurs qu’il a apprises, qui l’ont construit. On ne peut pas vraiment en vouloir aux gens pour cela.

    Même la plupart des gens qui défendent les animaux sont les gardiens de la norme sociale. La plupart des défenseurs des animaux mangent de la viande, et tiennent beaucoup à continuer. Ils ne remettent pas en question la norme sociale, ils ne sont pas extrêmistes. Ils souhaitent simplement que l’on traite bien les animaux (et pour beaucoup, ce n’est pas incompatible avec le fait de les tuer sans nécessité).

    Les vegans antispécistes ne veulent pas qu’on traite bien les animaux. Ils veulent qu’on ne les traite plus du tout. Que le bien-être et que la vie d’un animal ne soient plus dépendants du bon vouloir d’un être humain. Or, notre domination sur les autres espèces fait partie de l’ordre social. Contrairement à ce que prétendent les défenseurs de la norme, je ne pense pas qu’elle fasse partie d’un quelconque « ordre naturel », que nous soyons les maîtres des autres animaux parce que « dieu » ou « la nature » l’ont dit; mais cela  fait indéniablement partie de la norme sociale.

     

    Je refuse cette norme.

    Je dois avouer que j’ai même une certaine fierté à être extrémiste. Il faut avoir la force morale de s’opposer à la norme sociale. Je dois dire aussi que les non-extrémistes, les modérés, me fatiguent un peu. Marre des modérés. Marre des mous du bulbes qui s’empressent de dire que oui oui, ils mangent du poisson, ils sont pas extrémistes, merci pour eux. Non, ils ne veulent pas changer la société, elle est très bien comme elle est, c’est juste que, hum, hé bien, la viande, ils n’aiment pas trop ça, ils ne savent pas pourquoi… Ils n’imposeront pas un régime végétarien à leurs enfants bien sur. (ils leur imposeront de manger de la viande, mais ça, c’est normal). Ils n’ont rien contre la viande, c’est juste qu’il faudrait mieux traiter les animaux, faire du bio…

    Les modérés sont mous. Ils devraient selon moi apprendre à s’affirmer dans un monde qui est impitoyable pour les plus faibles. On ne peut pas être modéré pour tout. Sommes-nous modéré quand nous affirmons qu’abuser sexuellement d’un enfant est une mauvaise chose? Alors pourquoi devrait-on être modéré pour condamner des actes comme égorger un veau? Pourquoi devrait-on être modéré quand il s’agit de la souffrance d’être faibles qui ne peuvent pas se défendre, qui ne peuvent que subir?

     

    Par contre, je veux bien qu’on dise que je suis extrémiste, mais je refuse que l’on m’accuse d’intolérance. Au contraire, je suis tout ce qu’il y a de plus tolérante. Je tolère que des gens que j’aime donnent leur argent pour que l’on tue et torture les animaux que j’aime; et ce n’est pas facile tous les jours. Tolérer ne veut pas dire cautionner, ne veut pas dire être d’accord. Je tolère parce que c’est la norme et que c’est comme ça. Et surtout, je ne juge pas. Je condamne fermement les actes, mais je ne juge pas les gens qui les commettent. Juger les gens est stérile. Juger les actes est nécessaire, pour un monde un peu plus juste. Et être extrémiste, c’est simplement vouloir un monde un peu plus juste, même si pour cela il faudra que la société évolue, et avec elle, ses sacro-saintes normes, qui ne sont autres que des conventions auxquelles se plient les gens. Sans réfléchir.

    source https://leculdepoule.co/2016/09/23/etre-vegan-etre-extremiste/ et

     via : lesquestionscomposent.