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Avant le Pulp, l’Entracte et à coté le Scorpion

 

 

Arrivée à Paris à 22 ans dans la moitié des années 90, j’ai plongé directement dans la culture gay de l’époque, moi qui dans mes provinces, n’avais jamais vu deux hommes ou deux femmes s’embrasser à part dans le film “La Cage aux Folles”.

Me voilà hébergée par un ami gay qui écoute radio FG (Fréquence Gay) avec sa musique techno et surtout ses petites annonces  de rencontres en direct très explicites sexuellement et ses étranges acronymes ou mots tiroirs TBM, actif, passif, auto reverse…etc

J’apprends aussi à connaitre le “milieu”, les places où on se rencontrent entre mecs ou entre filles ; bars et boites de nuit, je reviendrai dessus plus loin.

J’étais déjà tombée amoureuse d’une femme quelques années avant mais comme ca n’existait pas, je l’avais occulté. 

Un jour mon ami gay, appelons le AG convoquait une assemblée générale pour feter son anniversaire et aussi celui de son voisin hétéro qui tombait à la même date. Me voilà sur le palier entre deux portes voisines grande ouvertes à devoir déambuler entre deux groupes très peu similaires.

Dans le studio des voisins, un groupe qui semble ordinaire d’hommes et de femmes collègues et amis habillés de façon classique. Je tente une entrée et me fige quand on me demande ce que je fais comme métier…

Je me glisse en face où il n’y a que des hommes habillés de façon festive, colorée et moulante qui se passent un téléphone. Je comprends qu’il s’agit de sites de rencontres où on se parle et se drague, Internet n’existant pas encore à l’époque.

Je me sens à ma place, attirée par l’ambiance exaltée, véritablement gaie, décomplexée, et directe de la bande de garçons dont j’admire la sensualité.

Je comprends leurs codes, au moins leur sexualité me semble directe,  beaucoup plus franche que les sous entendus hétéros.

Le plus étonnant est qu’ils ne soient pas dérangés du tout par ma présence, je ressemble quand même plus ou moins à une fille mais je me sens incluse plus que témoin de leur univers. Je pense qu’ils auraient pu mater un porno gay sans que quiconque, y compris moi,  ne soit offusqué. J’aime ne pas être le fille devant qui il y a des choses qui ne se font pas, je le prends comme une marque de confiance, la prévenance des hétéros sonnerait comme une déférence.

Un jour AG me fait rentrer dans le Marais dans un bar réservé aux hommes. Je ne vais pas dans les back rooms au niveau inférieur bien sûr, mais je prends comme un privilège d’accéder à ce comptoir. Là m’arrive une prise de conscience en écoutant échanger les amis présents : 3 hommes sur 4 sont séropositifs et en parlent. Je réalise que derrière leur gaieté, il y a une menace de mort, un véritable combat : en 1995 on meurt encore du SIDA. A l'époque, il n'y a qu'un seul traitement l'AZT, avec des effets secondaires lourds et qu'on donne la plupart du temps quand l'immunité baisse, bref en fin de vie.

Alors on danse, on va faire faire la fête dans les boites des boulevards.

Il y a le Scorpion au sous sol  pour les garçons mais les filles rentrent facilement et je me retrouve dans un bain de sensualité, d’amour, d’androgynie avec la musique mixée entre la techno, le disco des années 80 et Mylène Farmer.

“Pourvu qu’elles soient douces”

Et moi ? je suis toujours dans un no man’s land où j’adore l’ambiance des gays et je sors encore avec des mecs hétéros par habitude.

Moins d’un an après je rencontre ma première copine via la radio FG, une relation éphémère car elle mourra à 25 ans dans des conditions tragiques peu après .C'est avec elle que j'ai experimenté mon premier slow avec une fille sur une musique de Céline Dion à l'Entracte. Celui ci deviendra après le Pulp, où a mixé DJ Sex Toy, la fille avec les points tatoués au dessus des sourcils. Pas loin il y avait Le Privilège d'Elula Perrin. Plus loin à la Bastille, un bar exiguë nommé le Scandalo où mixe également DJ Sex Toy. Il n'y avait pas Internet mais beaucoup lieux de rencontres réelles.

Un a plus tard, je rencontre via une annonce dans Nova Magazine, la 1ere copine avec qui j'emménage trop vite, la relation durera un an.

Je n'ai jamais bien compris ce que signifiait être en couple. Après une brève periode de passion amoureuse, je me demandais comment me comporter. Je regardais les comportements dans les films ou dans la réalité pour copier leur attitude. J'ai du faire souffrir mes partenaires avec mon besoin d'être dans ma bulle et ctte nécessité de solitude qui revenait vite.

Jamais je n'aurais imaginé plus tard être diagnostiquée sur le trouble du spectre de l'autisme...

 

 

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