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Identités

  • Les seins, la féminité et moi

    J'adorais être dans le corps d'une petite fille, le torse plat et pas besoin d'un vetement pour cacher mes seins.

    Au collège en 5ème, un prof et les élèves se moquaient de moi car je ne cachais pas ma poitrine naissante sous mes tee shirts..

    J'ai du demander  ma mère de m'acheter mon premier soutien gorge et ça a été une profonde humiliation. Je savais qu'à vie je devais cacher le haut de mon corps avec une couche sous mes vetements ou un haut de maillot de bain à la plage. A la piscine je tolère un maillot de bain une pièce mais à la plage je ne supporte pas un haut serré et mouillé quand je nage.

    J'envie les hommes torse nus et je préfère me baigner comme eux  et sentir le vent sur mon torse.

    Adolescente je suis fan de l'émission "Lunettes noires pour nuits blanches" d'Ardisson et quelques années plus tard, je lis le premier numéro du magazine Interview. J'apprendrai plus tard que c'est considéré comme un magazine pour hommes.

    Je me souviens du premier numéro du magazine avec Béatrice Dalle en couverture et sa poitrine avantageuse.

    J'aime bien cette poitrine chez les autres femmes et je la trouve attirante.

    Un fait m'a marqué quand dans un article d'Interview, une femme pour l'effet esthétique s'etait fait l'ablation de ses seins.

    Elle etait belle, le crane rasé come Sinead O' Connor et je l'enviais. Le mot Queer n'existait pas à l'époque et donc sa démarche me paraissait très transgressive.

    Le seul moyen de cacher ma poitrine était des vêtements serrés (il n'y avait pas de blinder) et cela m'retouffait; J'ai juste cessé  de porter des soutiens gorges. Je mettais donc des débardeurs sous mes vetements.

    Etre femme ne me convenait pas mais être homme non plus. Je me disais qu'il devait bien avoir un entre deux mais on ne parlait de non binarité à l'époque.

    Je ne voulais pas etre prise pour une femme, mais je ne voulais pas être considérée comme un homme non plus.

    Et j'ai parcouru ma vie ainsi en me déguisant, quelquefois en femme avec du maquillage et des jupes longues, d'autres fois avec des cheveux très courts.

    Je savais que le poids faisait aussi grossir ma poitrine et je ne me suis jamais sentie aussi bien avec un poids très bas qui diminuait cette protubérance.

    Approcher des 60 kg à la préménopause, avec une augmentation des seins est une épreuve ; je ne supporte pas d'avoir ce sentiment de bouée sur mon torse.

  • Avant le Pulp, l’Entracte et à coté le Scorpion

     

     

    Arrivée à Paris à 22 ans dans la moitié des années 90, j’ai plongé directement dans la culture gay de l’époque, moi qui dans mes provinces, n’avais jamais vu deux hommes ou deux femmes s’embrasser à part dans le film “La Cage aux Folles”.

    Me voilà hébergée par un ami gay qui écoute radio FG (Fréquence Gay) avec sa musique techno et surtout ses petites annonces  de rencontres en direct très explicites sexuellement et ses étranges acronymes ou mots tiroirs TBM, actif, passif, auto reverse…etc

    J’apprends aussi à connaitre le “milieu”, les places où on se rencontrent entre mecs ou entre filles ; bars et boites de nuit, je reviendrai dessus plus loin.

    J’étais déjà tombée amoureuse d’une femme quelques années avant mais comme ca n’existait pas, je l’avais occulté. 

    Un jour mon ami gay, appelons le AG convoquait une assemblée générale pour feter son anniversaire et aussi celui de son voisin hétéro qui tombait à la même date. Me voilà sur le palier entre deux portes voisines grande ouvertes à devoir déambuler entre deux groupes très peu similaires.

    Dans le studio des voisins, un groupe qui semble ordinaire d’hommes et de femmes collègues et amis habillés de façon classique. Je tente une entrée et me fige quand on me demande ce que je fais comme métier…

    Je me glisse en face où il n’y a que des hommes habillés de façon festive, colorée et moulante qui se passent un téléphone. Je comprends qu’il s’agit de sites de rencontres où on se parle et se drague, Internet n’existant pas encore à l’époque.

    Je me sens à ma place, attirée par l’ambiance exaltée, véritablement gaie, décomplexée, et directe de la bande de garçons dont j’admire la sensualité.

    Je comprends leurs codes, au moins leur sexualité me semble directe,  beaucoup plus franche que les sous entendus hétéros.

    Le plus étonnant est qu’ils ne soient pas dérangés du tout par ma présence, je ressemble quand même plus ou moins à une fille mais je me sens incluse plus que témoin de leur univers. Je pense qu’ils auraient pu mater un porno gay sans que quiconque, y compris moi,  ne soit offusqué. J’aime ne pas être le fille devant qui il y a des choses qui ne se font pas, je le prends comme une marque de confiance, la prévenance des hétéros sonnerait comme une déférence.

    Un jour AG me fait rentrer dans le Marais dans un bar réservé aux hommes. Je ne vais pas dans les back rooms au niveau inférieur bien sûr, mais je prends comme un privilège d’accéder à ce comptoir. Là m’arrive une prise de conscience en écoutant échanger les amis présents : 3 hommes sur 4 sont séropositifs et en parlent. Je réalise que derrière leur gaieté, il y a une menace de mort, un véritable combat : en 1995 on meurt encore du SIDA. A l'époque, il n'y a qu'un seul traitement l'AZT, avec des effets secondaires lourds et qu'on donne la plupart du temps quand l'immunité baisse, bref en fin de vie.

    Alors on danse, on va faire faire la fête dans les boites des boulevards.

    Il y a le Scorpion au sous sol  pour les garçons mais les filles rentrent facilement et je me retrouve dans un bain de sensualité, d’amour, d’androgynie avec la musique mixée entre la techno, le disco des années 80 et Mylène Farmer.

    “Pourvu qu’elles soient douces”

    Et moi ? je suis toujours dans un no man’s land où j’adore l’ambiance des gays et je sors encore avec des mecs hétéros par habitude.

    Moins d’un an après je rencontre ma première copine via la radio FG, une relation éphémère car elle mourra à 25 ans dans des conditions tragiques peu après .C'est avec elle que j'ai experimenté mon premier slow avec une fille sur une musique de Céline Dion à l'Entracte. Celui ci deviendra après le Pulp, où a mixé DJ Sex Toy, la fille avec les points tatoués au dessus des sourcils. Pas loin il y avait Le Privilège d'Elula Perrin. Plus loin à la Bastille, un bar exiguë nommé le Scandalo où mixe également DJ Sex Toy. Il n'y avait pas Internet mais beaucoup lieux de rencontres réelles.

    Un a plus tard, je rencontre via une annonce dans Nova Magazine, la 1ere copine avec qui j'emménage trop vite, la relation durera un an.

    Je n'ai jamais bien compris ce que signifiait être en couple. Après une brève periode de passion amoureuse, je me demandais comment me comporter. Je regardais les comportements dans les films ou dans la réalité pour copier leur attitude. J'ai du faire souffrir mes partenaires avec mon besoin d'être dans ma bulle et ctte nécessité de solitude qui revenait vite.

    Jamais je n'aurais imaginé plus tard être diagnostiquée sur le trouble du spectre de l'autisme...

     

     

  • Vivre son asexualité dans un monde hétéronormatif ?

     Source Being Asexual In A Heteronormative World http://www.sopeople.fr/actualites/vivre-son-asexualite-dans-un-monde-heteronormatif/

    "L'hétéronormativité part du principe que, dans notre culture, l'hétérosexualité est la norme et que tout individu qui en dévie - parce qu'il est homosexuel, asexuel, etc. - est mis, par définition, en minorité. Tous les jours, des personnes qui ne se sentent pas hétéronormatives sont contraintes de vivre dans une culture à laquelle ils n'appartiennent pas mais qui leur est aussi de plus en plus imposée. Croyez-en une asexuelle (une "as") : refuser de se conformer à l'hétéronormativité d'une société obnubilée par le sexe est un réel facteur d'isolation. A la télé ou au cinéma - et notamment dans les scènes très crues de la chaîne HBO ou les intrigues tournant exclusivement autour de la possibilité de sortir avec une personne du sexe opposé -, et même au supermarché, quand vous tombez sur la couverture de Cosmo annonçant fièrement "101 trucs pour combler votre homme sous la couette" ou de Sport Illustrated sur "les mannequins pour maillots de bains les plus sexy", le sexe est partout.

    Mais l'aliénation que nous éprouvons au contact de nos amis et de notre famille rivalise avec celle que véhiculent les médias. Même mes amis gays parlent de leurs relations sexuelles, et leur mur Facebook est plein d'images et de statuts en rapport avec le mariage, les fiançailles, les naissances et les premiers rendez-vous. Quand je sors avec des ami(e)s, il y en a toujours un(e) pour faire des remarques sur le charme des personnes que nous croisons dans la rue. Presque constamment, tous les jours, quelque chose me rappelle que je suis anormale, et que je n'ai pas ma place dans ce monde.

    Ceux pour qui la question de la normativité ne se pose pas auront peut-être du mal à comprendre cela. Ils ont une vie plus ou moins épanouie, et ils connaissent quelques personnes qui ne sont ni hétéro, ni sexuelles, ni cisexuelles, mais ils n'ont pas vraiment conscience de l'impact que cette situation a sur elles. Pour eux, ces personnes sont l'exception à la règle. D'ailleurs, ils ne voient même pas cela comme une règle mais comme quelque chose qui relève de la normalité. C'est la vie. C'est leur vie.

    A titre de comparaison, pensez à n'importe quel événement sportif d'envergure auquel vous ne participez pas : la Coupe du monde, Wimbledon ou les Jeux olympiques. Souvenez-vous du budget publicitaire qui lui est consacré - où que vous tourniez la tête, des magasins vous vendent des articles en rapport avec cette manifestation sportive, comme des T-shirts, des casquettes et des accessoires ridicules. Les supermarchés organisent des promotions sur cette thématique, et vous ne pouvez pas allumer la télé cinq minutes sans voir une pub mettant en scène un sportif de haut niveau, ou une quantité invraisemblable de bandes-annonces pour la compétition elle-même. Toutes les grandes enseignes s'y mettent, avec des affiches gigantesques pour des boissons énergisantes ou des chaussures de sport. Il est même impossible d'aller faire ses courses sans entendre des conversations sur le sujet, et vous devez faire attention de ne pas vous prendre un panneau représentant un sportif grandeur nature !

    Si vous travaillez dans un bureau, il y a toujours au moins une cagnotte, les gens n'arrêtent pas d'en parler, et votre collègue insupportable couvre son espace de travail de figurines et de fanions aux couleurs de son équipe préférée. Sans oublier la demi-douzaine de voisins qui proposent de regarder les matches à plusieurs, et un million d'annonces sur les réseaux sociaux qui soutiennent une équipe ou démolissent l'équipe adverse. La plupart des journaux et des magazines en font leurs choux gras, les athlètes font soudain l'objet de documentaires, et le line-up des talk shows n'est soudain composé que de sportifs de haut niveau.

    Je pense que vous voyez à présent ce dont je parle et, lors de la prochaine Coupe du monde ou des prochains Jeux, vous vous souviendrez probablement de l'agacement que ces manifestations vous inspirent, et combien vous aimeriez que les gens la ferment un peu, faute de quoi vous vous réfugierez dans un container insonorisé et sans lumière, rien que pour leur échapper. Voilà ce que c'est que de vivre dans une culture aliénante. Le pire, c'est qu'en tant qu'asexuelle, ceci ne m'arrive pas une fois par an, ou tous les quatre ans, mais tous... les... jours.

    Je n'en veux à personne de se conformer à l'idéal de la vie à deux. Je suis consciente des nécessités biologiques, et je sais que les raisons de ce phénomène hétéronormatif sont évidentes. Il est naturel qu'une espèce fasse tout ce qu'elle peut pour survivre et se reproduire. Dans le même temps, il est difficile pour ceux qui ne s'y conforment pas de vivre dans un monde qui leur est étranger. Surtout qu'il est impossible d'y échapper : je ne peux même pas rejoindre une communauté hippie, comme ce serait le cas faire si j'en avais marre du capitalisme, de la cupidité et des aliments transformés.

    Même si j'apporte un soutien inconditionnel à la communauté LGBTQ, aux transexuels et à leurs alliés, qui s'efforcent chaque jour de faire reconnaître leurs droits, le combat est quelque peu différent pour les asexuels (les "as"). Nous ne demandons pas la reconnaissance de nos droits civiques, mais qu'on nous accepte dans cet océan d'hétérosexualité.

    L'hétéronormativité nous est imposée chaque jour par la société, ce qui nous révolte en permanence, à l'intérieur et à l'extérieur, même si nous savons pertinemment que c'est un combat perdu d'avance. La société ne changera pas, et nous non plus. Nous ne pouvons cependant nous empêcher de lutter pour préserver notre individualité, de nous distancer de cette culture à laquelle nous n'appartenons pas, et de tenter de préserver notre propre identité.

    J'aimerais parfois être normale. Je ne supporte pas ce conflit, ce rappel permanent de ma "différence" (dans le meilleur des cas), ou de mon "anormalité" (dans le pire des cas). Il y a des jours, et même des périodes, où j'aimerais être hétérosexuelle, pour être comme les autres, cesser le combat, trouver ma place dans la société et ne plus avoir à me poser de questions. Mais ça ne dure jamais, parce que je sais que ce qui me dégoûterait encore plus serait de me conformer à ce que la société attend de moi."