Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

En corps libre ? - Page 24

  • Peggy Sastre auteur de «No Sex» a répondu à vos questions.

    Peggy Sastre l'auteur de «No Sex» répond aux internautes de 20minutes.fr le 17 juin 2010

    VOS QUESTIONS -

    Peggy Sastre doctorante en philosophie et journaliste avait déjà publié, en 2009 «Ex utero pour en finir avec le féminisme», elle revient ce mois-ci avec une enquête sur les asexuels: «No Sex, avoir envie de ne pas faire l'amour» édité par la Musardine.
    Il y a 16 ans Houellebecq annonçait l'application du libéralisme de la sexualité, en ce moment, une émission d'M6 qui se propose de décortiquer la sexualité des français fait un carton d'audience. Bref, avoir une libido faible ou ne pas avoir envie de faire faire l"amour est donc désormais montré du doigt.

    «No Sex» est une enquête  sur un phénomène social qui prend de l'ampleur et qui se retrouve sur le site Internet asexuality.org
    L'asexualité est-elle une mode une mutation de sociale, comment vivre sans libido? Y a-t-il une mode asexuelle? Faire l'amour est il devenue une obligation?
    Peggy Sastre était l'invitée de la rédaction et a répondu à toutes vos questions sur l'asexualité.

    >>A venir ses réponses en vidéo.

    Retrouvez ses réponses ci-dessous...

    Honnêtement, et en toute sincérité, avez-vous déjà eu un orgasme ? Un vrai de vrai ? Celui qui vous fait trembler pendant de longues minutes, pendant les préliminaires, pendant les pénétrations, et même après l'acte sexuel. Toute retournée, respiration complètement saccadée, bonheur total. Avez-vous réellement connu cela ? Avec un homme doux et sachant bien faire l'amour ? Si oui, alors je ne comprends pas le but de ce livre. Si non, alors j'espère que vous le vivrez un jour et que cela changera un peu vos idées... Bien à vous.
    Ljans

    AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH (pardon, mais c'était trop bon)

    Les personnes asexuelles ont-elles déjà pris du plaisir? (Parce que quand on n'a jamais rien mangé de bon, on a moins envie de passer à table). Est ce que ça ne serait donc pas le manque de plaisir (mauvaise connaissance de son corps, partenaire maladroit, petits blocages), qui les ferait manquer de désir?
    Maya

    1/3 des femmes seraient anorgasmiques, c'est-à-dire que de n'importe quelle façon, elles ne peuvent atteindre l'orgasme. Est-ce que c'est parce qu'elles ne se connaissent pas ? Je ne pense pas. Et imaginer un "blocage", une "mauvaise" connaissance, me fait me demander : quelle serait une sexualité "fluide", ou avec une "bonne connaissance" pour vous ?

    Si on est avec quelqu'un qu'on aime et qu'on désire, avec qui ça se passe super bien sexuellement, il n'y pas pas de raison de ne plus vouloir faire l'amour. Mais si on est seul(e) et qu'on ne veut plus d'aventures sans lendemain parce que coucher pour coucher, c'est frustrant et ça ne rend pas heureux. Là je comprends l'asexualité. Il y en a qui couche pour coucher (et je reste polie) parce qu'ils se sentent vivants s'ils font l'amour souvent et ceux qui en ont marre de coucher sans sentiments. Parce que la meilleure sexualité c'est quand on aime la personne et que c'est réciproque.
    Carla11

    Vous avez donc une sexualité parfaite, félicitations. Mais votre idée d'une identification entre désir, amour, et sexualité, n'est pas non plus partagée par tout le monde. J'ai lu il a quelques années un livre de Michel Schneider qui disait que l'homosexualité était une déviation parce que le "vrai" désir, se fait entre deux personnes différentes, qu'en désirant, on désire l'autre, et qu'en désirant une personne du même sexe que soi, on se désire soi et qu'en réalité, on reste dans un désir immature et pré-oedipien. (Je schématise, Michel Schneider, si vous me lisez, ne me faites pas de procès)

    Je fais partie des rares hommes à préférer un corps féminin entièrement naturel. Je suis profondément anti-épilation féminine. Pour vous l'épilation, est-ce un plaisir,une obligation sociale ou au contraire une torture,un acte irréfléchi, symbole de soumission aux normes actuelles. Comprenez-vous qu'un sexe féminin entièrement épilé puisse rebuter certains hommes, dont je fais partie ?
    A_gauche_toute

    J'ai dû dormir trop longtemps : n'y-a-t-il plus sur terre que des femmes au sexe épilé ? Mais au secours !

    Apres avoir lu, tout les commentaires. Je comprend l'intérêt du livre. Quand on n'aime pas faire l'amour, on est vraiment pointé du doigt. Et j'ai l'impression que c'est encore pire quand on est garçon. Un garçon qui n'aime pas le sexe, c'est inimaginable ... C'est vraiment dommage ...
    baloo971

    Et à répondre à tous ces commentaires, je comprends aussi l'intérêt de mon livre. Merci.

    Et oui, la vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible! Mais l'amour c'est la vie! C'est le seul moment ou l'on se sent vivre! L'acte sexuel c'est le seul vrai contact avec un autre être humain! C'est le seul opium légal, ce moment de jouissance partagé! Comment peut on vivre sans amour et sans faire l'amour? Comment peut on passé à coté de la vie tout simplement?
    Chti Guevara

    Chacun a sa définition de la vie (Cf. les brocolis).

    Qu’est ce qu’on va gagner à mettre en avant ce mot d’asexualité? Depuis tout jeune j’ai remarqué que nous n' avions pas tous les mêmes besoins, j’ai bien remarqué que certains avaient plus de libido que moi, d'autres moins. On s'en est satisfait, je n’ai jamais remarqué que les copains étaient plus ou moins frustrés, les uns comme les autres considéraient ces différences comme la couleur des yeux, des cheveux. les moins sexués d aujourd'hui seraient ils , eux, frustrés? feraient ils des complexes? les pauvres, qu’ils arrêtent de regarder la télé, et sortent boire un verre avec les copains. vous allez encore créer une classe a part, complexifier encore plus la société inutilement, non?
    camelia31

    Je n'ai rien créé. Le terme d'asexualité (qui était au départ un terme biologique se rapportant aux espèces qui se reproduisent sans sexe, comme plus de 90% du règne animal, si ma mémoire est bonne) adapté à un comportement humain date de 2001. Pour moi, la "complexisification" de la société n'a rien d'inutile, et au contraire, ce sont les sociétés trop simples, trop homogènes, trop unies, qui me semblent les plus artificielles, et accéssoirement les plus dangereuses, car "l'autre" aura toutes les chances d'en être exclu, et violemment. Je suis une partisane du pluralisme pacifique, où chacun (et chaque groupe) aurait la possibilité de revendiquer ce qui lui chante, s'il n'empiète pas sur la liberté des autres, et où la seule "confrontation" possible entre deux groupes serait l'indifférence.

    Est-ce que les asexuels se roulent des pelles ?
    Fran

    La preuve du jambon, c'est qu'on le mange.

    Je suis moi même asexuel, c'est d'ailleurs une situation que je vie plus ou moins bien (tout comme d'autres peuvent vivre plus ou moins bien leur vie sexuelle et ou affective). Je ne vois que très peu d' intérêt à la revendication de l'asexualité. Je m'étais inscrit sur le forum AVEN pour justement essayer de comprendre, de me comprendre, ou de lire des témoignages intéressant venant de gens asexuel comme moi, mais j'ai vite déchanté; c'est un forum ou il y a un peu trop d'aigri, de frustrés et de dépressifs à mon goût et très peu de véritable asexuel. D'un point de vue personnel, je trouve que la virginité tardive et la non sexualité sont assez difficile à vivre par moment dans notre société. Beaucoup de gens ne nous comprennent pas, et les plus cons se moquent, et ça peu même aller plus loin dans le non respect de la personne dite "asexuel" ou vierge. Dans un sens, les asexuel vivent un peu les même persécutions que les homosexuels, le jugement des gens "normaux" n'est pas facile à vivre par moment.
    L’escargot

    L'AVEN n'est qu'une partie de l'asexualité, de la somme des individus qui composent la "population" asexuelle. De la même manière que des homosexuels ne se reconnaissent pas dans ceux qui défilent à la gay pride et qui revendiquent des droits "spécifiques". Mais s'il y a beaucoup de points communs entre la "cause" homosexuelle et l'asexuelle, il y a aussi des différences, à mon sens, importantes. personne ne s'est encore fait virer de son boulot, ou immoler sur la voie publique, parce qu'il était asexuel, et les asexuels d'AVEN ne revendiquent au fond qu'une chose : qu'on leur foute la paix.

    Mais pourquoi le "no sex" attise-t-il autant les avis ? c'est curieux ça.....on peut très bien aimer et ne pas ressentir de besoin de consommation sexuelle, on peut aussi "s'éclater" en passant un bon moment avec l'autre, en écoutant un morceau de musique, en se faisant une bonne bouffe....et puis il y a les gros sexomanes qui en même temps n'éprouvent aucun sentiment si ce n'est un assouvissement de pulsion.....c'est presque du terrorisme de dire qu'il faut consommer du sexe pour être heureux. Il y a d'autres trucs, tant que chacun y trouve son compte, son équilibre....maintenant je me dis que l'étalage de sexe, à la télé, dans les émissions, les films porno etc. Cela aide peut-être à ne pas vouloir....je ne sais pas....
    Apocalipstick

    Le sexe, en général, attire beaucoup les avis, les réprobations, les compliments... Ce n'est pas pas une chose neutre, et personnellement je ne le comprends pas. Ma société idéale serait celle où l'on aurait achevé la révolution sexuelle, c'est-à-dire dans laquelle on se serait libéré du sexe. Mais en attendant, j'essaye de comprendre pourquoi il en est ainsi, et je m'appuie sur les analyses darw. Je pense aussi que chacun devrait avoir la possibilité d'exprimer ce qu'il est (ou n'est pas) sans attirer de réactions négatives, mais d'un autre côté, c'est aussi à chacun d'exercer sa liberté individuelle et de "résister" contre ce "terrorisme" auquel je ne crois pas. Arrêtez de lire les magazines féminins, éteignez la télé, et regardez les publicités dans la rue avec autant d'enthousiasme que des signes de circulation routière, et tout ira mieux :-)

    Comment être certain que l'asexualité est un choix vu que plusieurs affections organiques ou psychologiques peuvent conduire à un faible désir sexuel. Et même si on revendiquait un choix, ne serait il pas une orientation dictée par les états décris ci-dessus ? Donc, n'est-ce pas en fait que de la chimie ?
    anti-anti

    Le parti-pris de mon livre est justement qu’il ne s’agit pas d’un choix, comme je ne pense pas que l’homosexualité, l’hétérosexualité, la bisexualité, ou le fait de se sentir d’un genre différent de son sexe de naissance soit un choix. Et étant ultra-matérialiste, j’ai tendance à penser que des processus biologiques (génétiques, développementaux) sont à l’œuvre dans l’asexualité. Mais comme les études scientifiques sur le sujet sont encore très lacunaires sur ce sujet, ça reste une hypothèse. Il faut savoir que les premières études sur la biologie de l'homosexualité (masculine) remontent à la moitié des années 1990...Laissons aux chercheurs le temps de répondre aux questions que nous leur posons !

    Cela sent la migraine...la migraine farmer...pourquoi avoir mis autant de eyeliner autour des yeux?                   
    vmefercensur

    C’est du khôl. Mais sinon la blague est bonne, je la recyclerai sur Facebook, je pense.

    Attendez no sexe ça veut dire pas de partenaire et pas de masturbation? Si oui c’est impossible!
    flonarvalo leretour4

    En prenant comme point de départ la définition du réseau AVEN, pour qui l’asexualité signifie une absence d’attraction sexuelle, j’y ai ajouté l’idée qu’elle se définit par un intérêt pour le sexe, dans sa généralité (séduction, érotisme, etc.) faible, voire inexistant. Mais cette définition ouvre plus une typologie qu’autre chose, une façon de tirer des tendances, des moyennes, et qui ne prédisent rien à un niveau individuel. Mais j’ai rencontré un bon nombre de personnes qui se disaient asexuelles et qui se masturbaient, mais n’y voyaient rien de sexuel là-dedans. La métaphore qui revenait le plus souvent était celle de la plomberie : se masturber parce qu’il y a un trop plein à vider. C’est hygiénique et assez “morose” justement.

    Chacun à sa libido, certains en ont une forte, d'autres une pathologique, une normale ... S’il y en a qui n'en ont pas c'est triste pour eux mais regrette-t-on quelque chose dont on éprouve pas le besoin ? La vie sans Q doit être sacrément morose tout de même.
    boyzindahood

    De la même manière que pour quelqu’un qui adore les brocolis, vivre sans jamais en manger doit être morose, ou qu’un cercle n’a pas la nostalgie de ses angles. Je peux multiplier les métaphores à l’infini : c’est parce que vous, êtes “sexuel”, que vous considérez qu’une vie sans sexe “manque” de quelque-chose.

    Qu'est-ce qui vous a poussé à aborder ce sujet ? Et surtout comment vous a-t-il été inspiré ?
    K-rol

    C’est une commande de mon éditeur, que je ne regrette pas d’avoir acceptée.

    Personnellement, j'aimerais bien connaître l'origine du problème, à savoir si c'est la "prise de conscience" arrive pendant l'acte, avant, une conséquence du monde moderne et de la publicité pour le sexe et le corps parfait (le principe du porno), ou si c'est physique... ? Je pense qu'il y a de multiples réponses liées au passé de l'individu, mais avoir quelques exemples, ça serait sympa. Merci d'avance.
    jazy_ja

    Il n’y pas pas d’origine du problème.... déjà parce qu’il ne s’agit pas d’un problème, et qu’il y a des origines différentes, ou plus précisément des modes de découvrement différents. Mais en général, les asexuels ne ressentant pas d’attraction sexuelle, c’est souvent par la rencontre de personnes sexuelles (qu’ils aient ou non des relations avec) que le “problème” comme vous dites se manifeste. Ensuite, il y a des asexuels qui se sentent tellement anormaux, tellement persuadés qu’ils ont, en effet, un problème, qu’ils essaient d’avoir des relations, pour voir...et la plupart du temps, ça ne donne rien. Mais les exemples sont très nombreux, et peut-être aussi nombreux qu’il y a d’individus asexuels, avec des expériences différentes. Mais quant à l’environnement “visuel”, où la pornographie serait partout (je ne le pense pas, personnellement), c’est très minoritaire. Sur la centaine d’asexuels que j’ai interviewé et rencontré pour mon livre, seule une m’a dit être extrêmement dégoûtée et choquée par l’étalage du sexe, partout. . Mais encore une fois, ce n’est pas “à cause” de cela qu’elle est “devenue” asexuelle, mais plutôt qu’elle s’est “découverte” ainsi.

    Charles Dufresne.
  • la dysthymie


    La dysthymie ou trouble dysthymique est une forme de dépression atténuée et chronique produisant une souffrance significative. Ce terme a été introduit en 1980 dans le DSM-III. Auparavant, ces troubles ont été tantôt considérés comme des trouble de l'humeur, tantôt comme des troubles de la personnalité : on a parlé par exemple de « névrose dépressive ». On peut en rapprocher également certains troubles névrotiques comme la neurasthénie ou la psychasthénie[1].


    Symptômes


    Les symptômes de la dysthymie sont similaires à ceux de la dépression majeure, bien qu'ils tendent à être moins intenses.

    Dans les deux cas, la personne peut être d'humeur sombre ou irritable, manquer d'intérêt à des activités que la plupart des personnes trouvent amusantes, ainsi qu'un manque d'énergie ou de la fatigue constante.

    L'appétit et le poids peuvent augmenter ou diminuer. La personne peut dormir trop ou avoir des troubles du sommeil.

    Elle peut avoir des difficultés à se concentrer.

    La personne peut être indécise et pessimiste et avoir une faible estime de soi. Les symptômes peuvent s'accroître et mener à une période de dépression majeure.

    Cette situation est parfois appelée "double dépression" parce que la période de dépression intense se superpose au sentiment général d'humeur sombre.

    Les personnes atteintes de dysthymie ont un risque supérieur à la moyenne de développer une dépression majeure.

    Alors que la dépression majeure se déclare souvent par épisodes, la dysthymie est plus constante et durable, commençant parfois dès l'enfance, ayant pour conséquence que la personne affectée par la dysthymie tend à croire que la dépression fait partie de sa personnalité.

    Il est possible que la personne atteinte de dysthymie ne pense même pas à parler de cet état à un docteur, des membres de la famille ou des amis.

    La dysthymie, comme la dépression majeure, tend à courir dans des familles. Elle est deux à trois fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes.

    Certaines personnes atteintes de dysthymie ont vécu une perte importante durant leur enfance, comme le décès d'un parent.

    D'autres disent être dans un état de stress chronique. Il est souvent difficile de déterminer si les personnes affectées par la dysthymie subissent plus de stress que les autres personnes ou si c'est la dysthymie qui les fait percevoir plus de stress que les autres personnes.


    Critères diagnostiques du DSM-IV
    Selon les critères du DSM-IV, le diagnostic de dysthymie peut être porté si :

    Une humeur dépressive est présente pratiquement toute la journée, plus d'un jour sur deux pendant au moins deux ans (sans répit de plus de deux mois) avec présence d'au moins deux symptômes parmi ceux-ci :
    1.anorexie ou boulimie
    2.insomnie ou hypersomnie
    3.baisse d'énergie ou asthénie
    4.faible estime de soi
    5.difficultés de concentration ou difficultés à prendre des décisions
    6.sentiments de perte d'espoir
    7.un sentiment de “ tête vide ”, a l’impression d'avoir du mal à organiser ses idées (bradypsychie).
    Les troubles ne sont pas secondaires à :
    1.une affection médicale (comme une hypothyroïdie)
    2.ni aux effets physiologiques directs d'une substance
    3.ni à un deuil
    Les troubles produisent une souffrance significative ou une altération du fonctionnement du sujet.

  • Asexualité, article de Liberation


    Voici un article concernant l'asexualité paru dans liberation.fr le 05/08/06, extraits :


    Ils ne ressentent aucune attraction sexuelle.

    Ils peuvent aimer, mais sont indifférents au sexe. Jusque-là, les asexuels restaient cachés.

    Depuis quelques années, ils s'expriment, échangent leurs expériences, sortent du placard. Une étude britannique (1) suggère qu'ils seraient très nombreux : 1 % des personnes sondées déclarent n'avoir «jamais éprouvé d'attraction sexuelle pour qui que ce soit».

    Beaucoup de médecins considèrent l'«asexualité» comme un dysfonctionnement. Ce n'est pas le sentiment des asexuels, qui commencent depuis quatre ans à se grouper en communauté, grâce à l'Internet, et qui revendiquent leur «orientation».

    Leur porte-voix est un jeune homme, l'Américain David Jay, 23 ans, qui anime depuis plus de quatre ans la principale communauté, Aven (Asexual Visibility and Education Network). Entretien.

    (...)


    Quand avez-vous découvert que vous étiez asexuel ?


    Quand j'avais 13 ou 14 ans. Quand d'autres m'ont fait comprendre qu'ils désiraient quelque chose de moi, j'ai compris que j'étais différent.

    Cela m'a pris du temps d'accepter l'idée que l'asexualité était une possibilité. Les gays, dès l'enfance, savent que l'homosexualité existe. Mais personne, même au lycée, n'a entendu parler d'asexualité.

    Au début, je ne voulais en parler à personne. Puis j'ai réalisé que ce n'était pas un «problème», et compris ce que c'était, car il n'y avait alors aucune définition. J'ai beaucoup discuté avec mes amis, filles et garçons, au lycée, pour définir quelle était mon identité sexuelle. Vers 18 ans, j'ai décidé de faire mon coming-out. A l'université, j'ai créé une communauté à travers le site. On a forgé le mot «asexualité», et des milliers de gens nous ont trouvés sur le Web, en cherchant, à partir de zéro.

    Avez-vous essayé d'avoir des relations sexuelles ?
    Pas vraiment. Cela n'avait pas d'intérêt pour moi. Je n'ai jamais senti que cela valait le coup d'essayer.

    Même à titre d'expérience ?


    Je n'ai jamais eu de relations sexuelles ; j'ai essayé des trucs sexuels avec des gens, cela n'a rien déclenché chez moi.

    Avec des filles et des garçons ?


    Oui.

    Les asexuels ont-ils des points communs ou sont-ils très divers ?


    Beaucoup ont en commun d'avoir vécu la solitude, ne sachant pas comment se comporter, pensant qu'ils étaient les seuls à être ainsi. Mais pour le reste c'est une communauté très diverse.

    Il existe surtout une très grande variété dans la façon de vivre son asexualité.

    Certains ressentent des attractions (émotionnelles mais pas sexuelles) et d'autres non.

    Parmi ceux qui éprouvent une telle attraction, vous retrouvez des gays, des straights, des bi.

    Ceux qui n'ont pas d'attraction peuvent aussi avoir besoin d'établir une relation romantique, ou une amitié très proche avec quelqu'un.

    Tous essaient de trouver comment naviguer dans la société sans être «sexuel». Nous n'avons aucun problème avec l'idée de sexe : si quelqu'un aime le sexe, qu'il en profite, c'est très bien. Mais nous pensons aussi que le sexe n'est pas indispensable. Sans sexe, la vie ne perd pas son sens.

    Votre condition ne tient donc pas d'un dysfonctionnement ?


    Non, pas du tout. C'est plus proche de l'orientation sexuelle. Aucun facteur médical ou autre n'explique pourquoi vous êtes hétéro ou homo. C'est la même chose avec l'asexualité. Nous n'avons pas d'hormones différentes.

    N'y a-t-il pas dans votre communauté, par exemple, des gens qui ont été traumatisés dans leur enfance par des abus sexuels ?


    Je n'ai pas de statistiques, mais je pense que c'est le même pourcentage que dans le reste de la population.

    Reste-t-on asexuel toute sa vie ?


    La majorité des asexuels le sont pour le restant de leurs jours. Quelques-uns passent d'asexuel à sexuel, ou l'inverse.

    Les asexuels peuvent-ils avoir de l'excitation, une érection ?
    Oui, pour la plupart. Mais ce n'est pas associé à un désir. C'est juste quelque chose qui arrive à votre corps. Certains se masturbent, peuvent se sentir bien, mais sans que cela ne soit associé à une attraction.

    Est-ce difficile d'expliquer l'asexualité ?


    Non, pas trop, pour ce qui me concerne. Les gens sont très intrigués, ils trouvent cela étrange.

    Ils ont du mal à imaginer que le sexe puisse ne jouer aucun rôle dans une vie.

    Ce qui est le plus dur à appréhender, pour eux, c'est le lien entre sexualité et amour. Quand on leur explique que l'on a de l'intimité sans sexualité, ils sont perplexes. Ce sont des discussions intéressantes, et assez amusantes.

    (...)


    (1) Anthony Bogaert, Asexuality : Prevalence and Associated Factors in a National Probability Sample, Journal of Sex Research , août 2004