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Asexualité, article de Liberation


Voici un article concernant l'asexualité paru dans liberation.fr le 05/08/06, extraits :


Ils ne ressentent aucune attraction sexuelle.

Ils peuvent aimer, mais sont indifférents au sexe. Jusque-là, les asexuels restaient cachés.

Depuis quelques années, ils s'expriment, échangent leurs expériences, sortent du placard. Une étude britannique (1) suggère qu'ils seraient très nombreux : 1 % des personnes sondées déclarent n'avoir «jamais éprouvé d'attraction sexuelle pour qui que ce soit».

Beaucoup de médecins considèrent l'«asexualité» comme un dysfonctionnement. Ce n'est pas le sentiment des asexuels, qui commencent depuis quatre ans à se grouper en communauté, grâce à l'Internet, et qui revendiquent leur «orientation».

Leur porte-voix est un jeune homme, l'Américain David Jay, 23 ans, qui anime depuis plus de quatre ans la principale communauté, Aven (Asexual Visibility and Education Network). Entretien.

(...)


Quand avez-vous découvert que vous étiez asexuel ?


Quand j'avais 13 ou 14 ans. Quand d'autres m'ont fait comprendre qu'ils désiraient quelque chose de moi, j'ai compris que j'étais différent.

Cela m'a pris du temps d'accepter l'idée que l'asexualité était une possibilité. Les gays, dès l'enfance, savent que l'homosexualité existe. Mais personne, même au lycée, n'a entendu parler d'asexualité.

Au début, je ne voulais en parler à personne. Puis j'ai réalisé que ce n'était pas un «problème», et compris ce que c'était, car il n'y avait alors aucune définition. J'ai beaucoup discuté avec mes amis, filles et garçons, au lycée, pour définir quelle était mon identité sexuelle. Vers 18 ans, j'ai décidé de faire mon coming-out. A l'université, j'ai créé une communauté à travers le site. On a forgé le mot «asexualité», et des milliers de gens nous ont trouvés sur le Web, en cherchant, à partir de zéro.

Avez-vous essayé d'avoir des relations sexuelles ?
Pas vraiment. Cela n'avait pas d'intérêt pour moi. Je n'ai jamais senti que cela valait le coup d'essayer.

Même à titre d'expérience ?


Je n'ai jamais eu de relations sexuelles ; j'ai essayé des trucs sexuels avec des gens, cela n'a rien déclenché chez moi.

Avec des filles et des garçons ?


Oui.

Les asexuels ont-ils des points communs ou sont-ils très divers ?


Beaucoup ont en commun d'avoir vécu la solitude, ne sachant pas comment se comporter, pensant qu'ils étaient les seuls à être ainsi. Mais pour le reste c'est une communauté très diverse.

Il existe surtout une très grande variété dans la façon de vivre son asexualité.

Certains ressentent des attractions (émotionnelles mais pas sexuelles) et d'autres non.

Parmi ceux qui éprouvent une telle attraction, vous retrouvez des gays, des straights, des bi.

Ceux qui n'ont pas d'attraction peuvent aussi avoir besoin d'établir une relation romantique, ou une amitié très proche avec quelqu'un.

Tous essaient de trouver comment naviguer dans la société sans être «sexuel». Nous n'avons aucun problème avec l'idée de sexe : si quelqu'un aime le sexe, qu'il en profite, c'est très bien. Mais nous pensons aussi que le sexe n'est pas indispensable. Sans sexe, la vie ne perd pas son sens.

Votre condition ne tient donc pas d'un dysfonctionnement ?


Non, pas du tout. C'est plus proche de l'orientation sexuelle. Aucun facteur médical ou autre n'explique pourquoi vous êtes hétéro ou homo. C'est la même chose avec l'asexualité. Nous n'avons pas d'hormones différentes.

N'y a-t-il pas dans votre communauté, par exemple, des gens qui ont été traumatisés dans leur enfance par des abus sexuels ?


Je n'ai pas de statistiques, mais je pense que c'est le même pourcentage que dans le reste de la population.

Reste-t-on asexuel toute sa vie ?


La majorité des asexuels le sont pour le restant de leurs jours. Quelques-uns passent d'asexuel à sexuel, ou l'inverse.

Les asexuels peuvent-ils avoir de l'excitation, une érection ?
Oui, pour la plupart. Mais ce n'est pas associé à un désir. C'est juste quelque chose qui arrive à votre corps. Certains se masturbent, peuvent se sentir bien, mais sans que cela ne soit associé à une attraction.

Est-ce difficile d'expliquer l'asexualité ?


Non, pas trop, pour ce qui me concerne. Les gens sont très intrigués, ils trouvent cela étrange.

Ils ont du mal à imaginer que le sexe puisse ne jouer aucun rôle dans une vie.

Ce qui est le plus dur à appréhender, pour eux, c'est le lien entre sexualité et amour. Quand on leur explique que l'on a de l'intimité sans sexualité, ils sont perplexes. Ce sont des discussions intéressantes, et assez amusantes.

(...)


(1) Anthony Bogaert, Asexuality : Prevalence and Associated Factors in a National Probability Sample, Journal of Sex Research , août 2004

Commentaires

  • Comment est-on sur que l'on est asexuel ? Je veux dire, si on sait pas que ça existe, est-ce qu'on l'apprend seulement avec le temps , que les tendances se révélent ?

    Moi je suis no sex depuis 10 ans, et si c'est parfois atroce, j'en tire aussi un tel recul sur les femmes et sur ce que les autres nomment "amour", que je crois être plus heureux comme ça. Celà m'a aidé, à comprendre que celà n'existe pas vraiment, et que celà cause tant de souffrances pour de si éphémères instants, aussi intenses puissent-ils , parait-il, parfois être.
    Comme je ne veux pas d'enfants non plus (je ne veux pas qu'ils vivent en enfer), j'ai simplement exclu la sexualité de ma vie, et je peux me concentrer sur mes travaux qui ,dés lors, lorsqu'ils s'interessent à la sexualité, peuvent se targuer d'un certain recul.
    C'est une forme de chasteté laïque, mais il est indéniable qu'elle a stimulée mon besoin de spiritualité.
    Je ne ferai pas de prosélytisme , et ne défends aucune cause. Mais exclure les femmes(je suis à peu prés certain de mes orientations) et toute sexualité de ma vie m'a apporté une certaine forme de paix.
    En espérant juste que l'âge ne me fera pas tomber dans une mysoginie excessive, je ne peux également que reconnaitre que l'hypocrisie et la vanité des femmes me surprend un peu plus chaque jour, et poser sur elles un regard asexuel est , pour un homme occidental, une expérience plus qu'enrichissante.

    Mais c'est le fait de savoir que c'est une situation qui s'explique et qui est normale, ça me rassure beaucoup.Je n'ai plus de désirs pour les gens...Mais je ne les déteste pas pour autant, c'est juste que je n'aime plus la séduction, ou l'idée d'avoir quelquechose dérrière la tête quand tu es avec les gens, ce jeu là m'indispose.Je n'ai simplement pas envie de sexe, et ce n'est pas faute de m'y être interéssé...Je suis heureux de découvrir que je ne suis pas le seul dans ce cas, et je vais m'y interesser si ça peut m'aider à me décoincer et assumer ce que je découvre de moi-même.

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