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  • Les asexuels sont-ils de gros losers gluants ?

    Je viens de terminer le nouvel essai de Peggy Sastre : No sex – avoir envie de ne pas faire l’amour, dans lequel elle prend la défense des asexuels avec une douceur à laquelle je ne m’attendais pas.

    Ce livre vient poser à plat les maigres connaissances actuelles sur l’asexualité : des témoignages, des chiffres, et l’état des débats.L’auteure sépare bien les différents problèmes : il y a des gens chastes qui ont du désir mais choisissent de ne pas en tenir compte (comme les prêtres, en théorie), les abstinents qui ont du désir mais subissent un manque sexuel (parce que personne ne veut d’eux), et les asexuels qui n’ont pas de désir du tout (et qui pourraient représenter 1% de la population).

    On peut se dire : ces gens font bien ce qu’ils veulent, ça ne mange pas de pain et ils sont peut-être les meneurs d’une évolution de la normalité sexuelle comparable à celle menée par la communauté LGBT – une position tolérante défendue par Peggy Sastre.

    On peut aussi penser comme Agnès Giard que ce n’est pas tout à fait innocent de se définir par une absence, surtout quand il s’agit d’un sujet encore tabou, toujours complexe et hautement politique.

    Selon elle, les asexuels ressemblent à ces rappeurs qui hurlent qu’ils rejettent la société, alors que c’est précisément l’inverse, et qu’à la fin de toute façon ce n’est pas la société qui vit dans une barre HLM sans job et sans espoir. Bref, un gros tas de mauvaise foi. Elle rappelle que la sexualité est aussi faite de potentialités qui s’activent (je confirme), et que si on est flemmard, autant juste dire qu’on est flemmard au lieu de fonder un mouvement.

    Entre les deux mon cœur balance.

    Mais voilà. Parmi les besoins humains prétendument naturels auxquels nous sommes tous censés adhérer, il y a manger, dormir, faire l’amour, assurer sa sécurité, se reproduire.

    J’ai connu une personne qui n’aimait pas manger, qui ne trouvait pas ça intéressant. Et moi-même, je fais partie de ces femmes qui n’ont jamais eu envie de se reproduire, jamais une seule seconde.

    (Anecdote sur le délire en question : lors de ma première visite chez une gynéco, vers 15 ans, j’expliquais que je voulais des médicaments contre la douleur des règles. Elle m’a répondu que je n’en avais pas besoin puisque la douleur passerait avec ma première maternité, donc vers 25 ans. Authentique. Je précise que depuis, je n’ai connu aucun gynéco qui ne m’ait pas foutu la pression pour que j’enfante, à croire que j’ai des gènes méritant vraiment que l’humanité les conserve – auquel cas le don d’ovules me paraît assez indiqué.)

    Peut-être que je suis une loseuse de la maternité, mais en même temps, je ne suis pas une victime : à ma connaissance je ne suis pas stérile, et si je voulais, j’imagine que je trouverais quelqu’un pour m’aider à fonder une famille. La maternité ne me rejette pas. Alors peut-être que je n’ai pas activé l’instinct maternel auquel je ne crois pas. Peut-être que c’est une mode en plus d’être une pression sociale et que quand toutes mes copines s’y seront mises, j’aurai envie. Mais honnêtement, je pense avoir un Oreo au beurre de cacahuète à la place de la moindre minuscule velléité de me reproduire. Que ce soit génétique ou culturel, peu importe. Les femmes qui font cette absence de choix me paraissent équilibrées et zen. Tant qu’à faire, je voudrais leur ressembler.

    C’est pourquoi je suis bien obligée de croire qu’il y a des gens qui naissent asexuels comme certains paraissent (?) naître homosexuels ou mal dans leur genre.

    Peut-être qu’il faudrait se calmer sur les besoins naturels. Et sur la normalité.

    Ou alors, j’en fais une affaire personnelle : si ma maternité s’active, les asexuels sont des menteurs. Dans l’intervalle, je propose qu’on leur fiche la paix.

  • No sex tonight

     

    Non ma fille, je n’irai pas baiser !

    Belle gageure pour Peggy Sastre, féministe et hédoniste, que de frapper chez ceux que le sexe ennuie profondément. D’autant plus que son enquête sur les asexuels, ceux qui ne pratiquent pas la sexualité, soit toute personne qui "ne ressent jamais d’attirance sexuelle et/ou n’a qu’un intérêt très faible, voire inexistant pour la chose sexuelle (séduction, érotisme, sensualité)" , est menée de façon relativement neutre, sans a priori ni volonté de faire pencher le propos des interrogés vers une explication toute trouvée.

    Il n’est pas anodin, dans la société hypersexualisée qui est la nôtre, que des personnes découvrant leur "asexualité" ou leur orientation asexuelle (car l’asexualité semble ouvrir le chemin d’une 4ème voie du sexe, après les gays, les bi-, les trans-, celle du non-sexe) fassent leur "coming-out", c’est-à-dire qu’ils affirment, assument et rendent visible leur identité.

    Pas anodin non plus de se constituer en communauté à l’heure des réseaux sociaux et du net. Mais quid de l’asexualité ? Comment peut-on être asexuel ? Comment peut-on ne pas avoir envie de faire l’amour, de chercher l’excitation dans les bras et sous les doigts des autres, de baiser, de jouir, bref d’être (é-)mus par le sexe ?

    Peggy Sastre entame sa réflexion autour du désintérêt pour le sexe avec Tolstoï et La Sonate à Kreutzer, texte dans lequel Tolstoï a voulu défendre la chasteté selon l’idéal du Christ, contre "la conviction solide, commune à toutes les classes et appuyée par une science mensongère, que les rapports sexuels sont indispensables à la santé" .

    Tout au long de l’essai, Sastre s’efforce de distinguer l’asexualité de l’abstinence et de la chasteté et pose que : "l’asexualité désignera dans cet essai un rapport minoritaire de certains individus à la sexualité" selon le "parti pris de considérer l’asexualité comme un comportement comme un autre" .

    L’asexuel-le n’est donc ni chaste ni abstinent-e, ni un-e ado attardé-e effrayé-e par son corps qui se transforme, ni un-e frustré-e retiré-e de la vie sociale et des échanges en tous genres qu’elle implique. L’asexuel-le peut vivre en couple, avoir des rapports sexuels, se masturber, même avoir des enfants mais, pour elle ou lui, ce qui touche au désir sexuel est indifférent. Le sans-désir n’est ni atteint d’une pathologie ni ne se comprend comme tel, son indifférence au désir sexuel n’est pas un problème pour lui.

    Titre du livre : No sex. Avoir envie de ne pas faire l'amour.
    Auteur : Peggy Sastre
    Éditeur : La Musardine
    Date de publication : 25/02/10

  • Peggy Sastre auteur de «No Sex» a répondu à vos questions.

    Peggy Sastre l'auteur de «No Sex» répond aux internautes de 20minutes.fr le 17 juin 2010

    VOS QUESTIONS -

    Peggy Sastre doctorante en philosophie et journaliste avait déjà publié, en 2009 «Ex utero pour en finir avec le féminisme», elle revient ce mois-ci avec une enquête sur les asexuels: «No Sex, avoir envie de ne pas faire l'amour» édité par la Musardine.
    Il y a 16 ans Houellebecq annonçait l'application du libéralisme de la sexualité, en ce moment, une émission d'M6 qui se propose de décortiquer la sexualité des français fait un carton d'audience. Bref, avoir une libido faible ou ne pas avoir envie de faire faire l"amour est donc désormais montré du doigt.

    «No Sex» est une enquête  sur un phénomène social qui prend de l'ampleur et qui se retrouve sur le site Internet asexuality.org
    L'asexualité est-elle une mode une mutation de sociale, comment vivre sans libido? Y a-t-il une mode asexuelle? Faire l'amour est il devenue une obligation?
    Peggy Sastre était l'invitée de la rédaction et a répondu à toutes vos questions sur l'asexualité.

    >>A venir ses réponses en vidéo.

    Retrouvez ses réponses ci-dessous...

    Honnêtement, et en toute sincérité, avez-vous déjà eu un orgasme ? Un vrai de vrai ? Celui qui vous fait trembler pendant de longues minutes, pendant les préliminaires, pendant les pénétrations, et même après l'acte sexuel. Toute retournée, respiration complètement saccadée, bonheur total. Avez-vous réellement connu cela ? Avec un homme doux et sachant bien faire l'amour ? Si oui, alors je ne comprends pas le but de ce livre. Si non, alors j'espère que vous le vivrez un jour et que cela changera un peu vos idées... Bien à vous.
    Ljans

    AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH (pardon, mais c'était trop bon)

    Les personnes asexuelles ont-elles déjà pris du plaisir? (Parce que quand on n'a jamais rien mangé de bon, on a moins envie de passer à table). Est ce que ça ne serait donc pas le manque de plaisir (mauvaise connaissance de son corps, partenaire maladroit, petits blocages), qui les ferait manquer de désir?
    Maya

    1/3 des femmes seraient anorgasmiques, c'est-à-dire que de n'importe quelle façon, elles ne peuvent atteindre l'orgasme. Est-ce que c'est parce qu'elles ne se connaissent pas ? Je ne pense pas. Et imaginer un "blocage", une "mauvaise" connaissance, me fait me demander : quelle serait une sexualité "fluide", ou avec une "bonne connaissance" pour vous ?

    Si on est avec quelqu'un qu'on aime et qu'on désire, avec qui ça se passe super bien sexuellement, il n'y pas pas de raison de ne plus vouloir faire l'amour. Mais si on est seul(e) et qu'on ne veut plus d'aventures sans lendemain parce que coucher pour coucher, c'est frustrant et ça ne rend pas heureux. Là je comprends l'asexualité. Il y en a qui couche pour coucher (et je reste polie) parce qu'ils se sentent vivants s'ils font l'amour souvent et ceux qui en ont marre de coucher sans sentiments. Parce que la meilleure sexualité c'est quand on aime la personne et que c'est réciproque.
    Carla11

    Vous avez donc une sexualité parfaite, félicitations. Mais votre idée d'une identification entre désir, amour, et sexualité, n'est pas non plus partagée par tout le monde. J'ai lu il a quelques années un livre de Michel Schneider qui disait que l'homosexualité était une déviation parce que le "vrai" désir, se fait entre deux personnes différentes, qu'en désirant, on désire l'autre, et qu'en désirant une personne du même sexe que soi, on se désire soi et qu'en réalité, on reste dans un désir immature et pré-oedipien. (Je schématise, Michel Schneider, si vous me lisez, ne me faites pas de procès)

    Je fais partie des rares hommes à préférer un corps féminin entièrement naturel. Je suis profondément anti-épilation féminine. Pour vous l'épilation, est-ce un plaisir,une obligation sociale ou au contraire une torture,un acte irréfléchi, symbole de soumission aux normes actuelles. Comprenez-vous qu'un sexe féminin entièrement épilé puisse rebuter certains hommes, dont je fais partie ?
    A_gauche_toute

    J'ai dû dormir trop longtemps : n'y-a-t-il plus sur terre que des femmes au sexe épilé ? Mais au secours !

    Apres avoir lu, tout les commentaires. Je comprend l'intérêt du livre. Quand on n'aime pas faire l'amour, on est vraiment pointé du doigt. Et j'ai l'impression que c'est encore pire quand on est garçon. Un garçon qui n'aime pas le sexe, c'est inimaginable ... C'est vraiment dommage ...
    baloo971

    Et à répondre à tous ces commentaires, je comprends aussi l'intérêt de mon livre. Merci.

    Et oui, la vie est une maladie mortelle sexuellement transmissible! Mais l'amour c'est la vie! C'est le seul moment ou l'on se sent vivre! L'acte sexuel c'est le seul vrai contact avec un autre être humain! C'est le seul opium légal, ce moment de jouissance partagé! Comment peut on vivre sans amour et sans faire l'amour? Comment peut on passé à coté de la vie tout simplement?
    Chti Guevara

    Chacun a sa définition de la vie (Cf. les brocolis).

    Qu’est ce qu’on va gagner à mettre en avant ce mot d’asexualité? Depuis tout jeune j’ai remarqué que nous n' avions pas tous les mêmes besoins, j’ai bien remarqué que certains avaient plus de libido que moi, d'autres moins. On s'en est satisfait, je n’ai jamais remarqué que les copains étaient plus ou moins frustrés, les uns comme les autres considéraient ces différences comme la couleur des yeux, des cheveux. les moins sexués d aujourd'hui seraient ils , eux, frustrés? feraient ils des complexes? les pauvres, qu’ils arrêtent de regarder la télé, et sortent boire un verre avec les copains. vous allez encore créer une classe a part, complexifier encore plus la société inutilement, non?
    camelia31

    Je n'ai rien créé. Le terme d'asexualité (qui était au départ un terme biologique se rapportant aux espèces qui se reproduisent sans sexe, comme plus de 90% du règne animal, si ma mémoire est bonne) adapté à un comportement humain date de 2001. Pour moi, la "complexisification" de la société n'a rien d'inutile, et au contraire, ce sont les sociétés trop simples, trop homogènes, trop unies, qui me semblent les plus artificielles, et accéssoirement les plus dangereuses, car "l'autre" aura toutes les chances d'en être exclu, et violemment. Je suis une partisane du pluralisme pacifique, où chacun (et chaque groupe) aurait la possibilité de revendiquer ce qui lui chante, s'il n'empiète pas sur la liberté des autres, et où la seule "confrontation" possible entre deux groupes serait l'indifférence.

    Est-ce que les asexuels se roulent des pelles ?
    Fran

    La preuve du jambon, c'est qu'on le mange.

    Je suis moi même asexuel, c'est d'ailleurs une situation que je vie plus ou moins bien (tout comme d'autres peuvent vivre plus ou moins bien leur vie sexuelle et ou affective). Je ne vois que très peu d' intérêt à la revendication de l'asexualité. Je m'étais inscrit sur le forum AVEN pour justement essayer de comprendre, de me comprendre, ou de lire des témoignages intéressant venant de gens asexuel comme moi, mais j'ai vite déchanté; c'est un forum ou il y a un peu trop d'aigri, de frustrés et de dépressifs à mon goût et très peu de véritable asexuel. D'un point de vue personnel, je trouve que la virginité tardive et la non sexualité sont assez difficile à vivre par moment dans notre société. Beaucoup de gens ne nous comprennent pas, et les plus cons se moquent, et ça peu même aller plus loin dans le non respect de la personne dite "asexuel" ou vierge. Dans un sens, les asexuel vivent un peu les même persécutions que les homosexuels, le jugement des gens "normaux" n'est pas facile à vivre par moment.
    L’escargot

    L'AVEN n'est qu'une partie de l'asexualité, de la somme des individus qui composent la "population" asexuelle. De la même manière que des homosexuels ne se reconnaissent pas dans ceux qui défilent à la gay pride et qui revendiquent des droits "spécifiques". Mais s'il y a beaucoup de points communs entre la "cause" homosexuelle et l'asexuelle, il y a aussi des différences, à mon sens, importantes. personne ne s'est encore fait virer de son boulot, ou immoler sur la voie publique, parce qu'il était asexuel, et les asexuels d'AVEN ne revendiquent au fond qu'une chose : qu'on leur foute la paix.

    Mais pourquoi le "no sex" attise-t-il autant les avis ? c'est curieux ça.....on peut très bien aimer et ne pas ressentir de besoin de consommation sexuelle, on peut aussi "s'éclater" en passant un bon moment avec l'autre, en écoutant un morceau de musique, en se faisant une bonne bouffe....et puis il y a les gros sexomanes qui en même temps n'éprouvent aucun sentiment si ce n'est un assouvissement de pulsion.....c'est presque du terrorisme de dire qu'il faut consommer du sexe pour être heureux. Il y a d'autres trucs, tant que chacun y trouve son compte, son équilibre....maintenant je me dis que l'étalage de sexe, à la télé, dans les émissions, les films porno etc. Cela aide peut-être à ne pas vouloir....je ne sais pas....
    Apocalipstick

    Le sexe, en général, attire beaucoup les avis, les réprobations, les compliments... Ce n'est pas pas une chose neutre, et personnellement je ne le comprends pas. Ma société idéale serait celle où l'on aurait achevé la révolution sexuelle, c'est-à-dire dans laquelle on se serait libéré du sexe. Mais en attendant, j'essaye de comprendre pourquoi il en est ainsi, et je m'appuie sur les analyses darw. Je pense aussi que chacun devrait avoir la possibilité d'exprimer ce qu'il est (ou n'est pas) sans attirer de réactions négatives, mais d'un autre côté, c'est aussi à chacun d'exercer sa liberté individuelle et de "résister" contre ce "terrorisme" auquel je ne crois pas. Arrêtez de lire les magazines féminins, éteignez la télé, et regardez les publicités dans la rue avec autant d'enthousiasme que des signes de circulation routière, et tout ira mieux :-)

    Comment être certain que l'asexualité est un choix vu que plusieurs affections organiques ou psychologiques peuvent conduire à un faible désir sexuel. Et même si on revendiquait un choix, ne serait il pas une orientation dictée par les états décris ci-dessus ? Donc, n'est-ce pas en fait que de la chimie ?
    anti-anti

    Le parti-pris de mon livre est justement qu’il ne s’agit pas d’un choix, comme je ne pense pas que l’homosexualité, l’hétérosexualité, la bisexualité, ou le fait de se sentir d’un genre différent de son sexe de naissance soit un choix. Et étant ultra-matérialiste, j’ai tendance à penser que des processus biologiques (génétiques, développementaux) sont à l’œuvre dans l’asexualité. Mais comme les études scientifiques sur le sujet sont encore très lacunaires sur ce sujet, ça reste une hypothèse. Il faut savoir que les premières études sur la biologie de l'homosexualité (masculine) remontent à la moitié des années 1990...Laissons aux chercheurs le temps de répondre aux questions que nous leur posons !

    Cela sent la migraine...la migraine farmer...pourquoi avoir mis autant de eyeliner autour des yeux?                   
    vmefercensur

    C’est du khôl. Mais sinon la blague est bonne, je la recyclerai sur Facebook, je pense.

    Attendez no sexe ça veut dire pas de partenaire et pas de masturbation? Si oui c’est impossible!
    flonarvalo leretour4

    En prenant comme point de départ la définition du réseau AVEN, pour qui l’asexualité signifie une absence d’attraction sexuelle, j’y ai ajouté l’idée qu’elle se définit par un intérêt pour le sexe, dans sa généralité (séduction, érotisme, etc.) faible, voire inexistant. Mais cette définition ouvre plus une typologie qu’autre chose, une façon de tirer des tendances, des moyennes, et qui ne prédisent rien à un niveau individuel. Mais j’ai rencontré un bon nombre de personnes qui se disaient asexuelles et qui se masturbaient, mais n’y voyaient rien de sexuel là-dedans. La métaphore qui revenait le plus souvent était celle de la plomberie : se masturber parce qu’il y a un trop plein à vider. C’est hygiénique et assez “morose” justement.

    Chacun à sa libido, certains en ont une forte, d'autres une pathologique, une normale ... S’il y en a qui n'en ont pas c'est triste pour eux mais regrette-t-on quelque chose dont on éprouve pas le besoin ? La vie sans Q doit être sacrément morose tout de même.
    boyzindahood

    De la même manière que pour quelqu’un qui adore les brocolis, vivre sans jamais en manger doit être morose, ou qu’un cercle n’a pas la nostalgie de ses angles. Je peux multiplier les métaphores à l’infini : c’est parce que vous, êtes “sexuel”, que vous considérez qu’une vie sans sexe “manque” de quelque-chose.

    Qu'est-ce qui vous a poussé à aborder ce sujet ? Et surtout comment vous a-t-il été inspiré ?
    K-rol

    C’est une commande de mon éditeur, que je ne regrette pas d’avoir acceptée.

    Personnellement, j'aimerais bien connaître l'origine du problème, à savoir si c'est la "prise de conscience" arrive pendant l'acte, avant, une conséquence du monde moderne et de la publicité pour le sexe et le corps parfait (le principe du porno), ou si c'est physique... ? Je pense qu'il y a de multiples réponses liées au passé de l'individu, mais avoir quelques exemples, ça serait sympa. Merci d'avance.
    jazy_ja

    Il n’y pas pas d’origine du problème.... déjà parce qu’il ne s’agit pas d’un problème, et qu’il y a des origines différentes, ou plus précisément des modes de découvrement différents. Mais en général, les asexuels ne ressentant pas d’attraction sexuelle, c’est souvent par la rencontre de personnes sexuelles (qu’ils aient ou non des relations avec) que le “problème” comme vous dites se manifeste. Ensuite, il y a des asexuels qui se sentent tellement anormaux, tellement persuadés qu’ils ont, en effet, un problème, qu’ils essaient d’avoir des relations, pour voir...et la plupart du temps, ça ne donne rien. Mais les exemples sont très nombreux, et peut-être aussi nombreux qu’il y a d’individus asexuels, avec des expériences différentes. Mais quant à l’environnement “visuel”, où la pornographie serait partout (je ne le pense pas, personnellement), c’est très minoritaire. Sur la centaine d’asexuels que j’ai interviewé et rencontré pour mon livre, seule une m’a dit être extrêmement dégoûtée et choquée par l’étalage du sexe, partout. . Mais encore une fois, ce n’est pas “à cause” de cela qu’elle est “devenue” asexuelle, mais plutôt qu’elle s’est “découverte” ainsi.

    Charles Dufresne.