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Ton argument a des dommages collatéraux

L’antispécisme, c’est facile. Cela revient à considérer que les individus ne sont pas supérieurs les uns aux autres en raison de leur appartenance à telle ou telle espèce, et que les intérêts doivent être considérés pour ce qu’ils sont, indépendamment de leur appartenance à une espèce.

 


Un antispéciste considèrera qu’un individu a des droits parce qu’il a des intérêts à défendre; parce qu’il souffre, pense, ressent, parce qu’il possède une subjectivité. C’est facile, au fond. C’est même évident: un individu, animal ou humain, a des intérêts (contrairement à un légume ou un caillou). Le problème, c’est que ça implique, si on y adhère, qu’on nuit à l’intérêt d’autrui si on mange de la viande (ou plutôt, si on tue des animaux pour les manger). Et comme on aime ça, la viande, et qu’on ne veut pas passer pour un méchant, on s’efforce de trouver la faille. Quand on cherche, on trouve toujours : les gens inventent toutes sortes d’arguments pour défendre la viande. Il y en a vraiment beaucoup, et ils ont tous un point commun.

Ce que je souhaite montrer dans cet article, c’est la façon dont ces arguments permettraient en fait de justifier absolument n’importe quoi. Je vais donc dresser une liste de ces arguments et expliquer un peu ce qu’il impliqueraient si on les considérait vraiment valable. C’est intéressant parce que si un argument justifie, par exemple, de prostituer des enfants, on peut se dire que ce n’est pas un bon argument dans la mesure où on est contre la prostitution d’enfants.

Cette liste pourra vous être utile pour étayer votre réflexion. Si vous êtes végane ou même végétarien, les arguments ci-dessous vous seront soumis à un moment ou un autre. Attention: si vous êtes carniste (c’est à dire: vous n’êtes pas végétarien et ne comptez pas le devenir), cet article va probablement vous énerver. Je rappelle que les commentaires haineux ne sont pas publiés de toutes façons, donc ça ne sert à rien de vous exciter.

 

Liste non exhaustive d’arguments pro-viande pouvant servir à justifier toutes sortes de choses allant de « rigolotes » à « insupportablement affreuses ».

 

  • « La mort fait partie de la vie ». Ce n’est donc pas grave de mourir, puisqu’après tout ça arrive à tout le monde, même aux meilleurs d’entre nous. Certes, on ne peut pas le nier, et nous sommes tous condamnés à mourir, ce n’est pas pour ça que nous passons notre vie à nous lamenter, ou que nous estimons que ce n’est pas bien grave de mourir à l’âge de 20 ans dans un accident de voiture, ou victime d’un accident de chasse… Un bon exemple, l’accident de chasse : le chasseur estime que la mort fait partie de la vie, que mourir, pour les animaux qu’il tue, ce n’est pas bien grave, ça fait partie de la nature sauvage, il est un prédateur… Un cerf, un sanglier, un lapin perd la vie, c’est normal, la routine quoi. Par contre, quand il tue un de ses potes par accident, là, tout à coup, c’est un drame, quelque chose d’horrible qui ne devrait pas arriver. Notons au passage que la grande majorité des animaux de boucherie sont tués avant l’âge adulte (poulets de chair, agneaux, veaux…),  quelques-uns sont tués aussitôt qu’ils deviennent adultes (boeufs, porcs) et les femelles productrices (vaches à lait, poules pondeuses) sont tuées quand elles sont jeunes adultes.

Cet argument justifie : de tuer des gens très jeunes, et même des enfants, puisqu’ils vont mourir un jour de toutes façons. De fumer : il faut bien mourir de quelque chose. De faire fumer les enfants : pareil, ils vont bien mourir de toutes façons. De laisser tomber toutes les consignes de sécurité à la chasse, les consignes de sécurité routière, de vérifier les noeuds avant de faire le l’alpinisme, etc.

  • « Tes chiffres et tes statistiques sont moins valables que mon expérience personnelle ». Cet argument est utilisé pour prouver que les animaux sont des machines, ou encore que la viande est nécessaire à la vie humaine, alors que les travaux scientifiques contredisent ces affirmations. Cet argument est très utilisé aussi par les anti-féministes.

Cet argument justifie: tout et n’importe quoi, selon l’expérience personnelle de celui qui l’énonce.  Par exemple, il justifie de supprimer toutes les lois de protection contre le tabagisme, si on connait quelqu’un qui a fumé toutes sa vie et a vécu vieux et en bonne santé. Ou bien de soigner le cancer en mangeant du jambon si on connait quelqu’un qui a guéri de son cancer en mangeant du jambon.

  • « Le contenu de mon assiette ne regarde que moi ». C’est faux : un acte immoral ne devient pas subitement moral à partir du moment où ça implique un repas. Le contenu de nos repas est déjà soumis à des règles morales. Cet argument rejoint un peu celui utilisé pour justifier les violences qui ont lieu dans la famille: c’est chez moi, je fais ce que je veux, ça ne vous regarde pas si je viole ma femme et frappe mes gosses (ou inversement). Or, le foyer, pas plus que l’assiette, n’échappe aux problèmes d’éthique.

Cet argument justifie : de manger de la chair humaine, ou le chien du voisin. Comment ça, je suis en train de manger le chat que tu as élevé au biberon ? C’est mon repas, ta gueule.

  • « On fait partie de la nature« , les animaux mangent d’autres animaux. Cet argument rejoint un peu « la mort fait partie de la vie », mais il s’agit davantage de nous intégrer dans un système amoral, la Nature, afin de nous libérer de toute obligation morale envers les autres. Le problème, c’est que ça nous libère de TOUTE obligation morale, pas seulement envers les animaux. Si quelqu’un décidait de tuer des nouveaux-nés pour les manger, on trouverait probablement que cet argument ne tient plus. Pourtant, de nombreux animaux n’ont pas plus de scrupules à tuer et manger leur propre progéniture, leurs rivaux ou les cadavres de leurs amis, qu’ils n’en ont à dévorer des animaux d’autres espèces. Certains insectes dévoreraient même leur partenaire mâle pendant l’accouplement.

Cet argument justifie: tout ce que font les animaux. S’entretuer, violer (le viol existe chez les canards), manger des nouveaux-nés, mais aussi des choses un peu plus drôles comme se balader à poil, baiser et chier devant tout le monde, se lécher l’anus, se laver avec sa langue, manger du caca (nos proches cousins les gorilles ne se gênent pas pour ça). Il faudrait aussi laisser tomber ces trucs dont la plupart des animaux se fichent totalement, comme enterrer les cadavres de nos proches.

  • « On peut manger tout ce qui n’a pas conscience de la mort« . Cet argument part du principe que les animaux n’ont pas conscience de la mort, ce qui est bien sur, non prouvé.

Cet argument justifie de manger aussi les humains qui n’ont pas conscience de la mort, comme les nouveau-nés et certains handicapés mentaux.

  • « Ils sont élevés pour ça ». Certaines personnes pensent qu’il ne faut pas tuer des animaux, sauf ceux élevés pour être mangés. Notons que ça ne semble pas reposer sur grand chose.

Cet argument a été utilisé pour justifier l’esclavage des Noirs. Il justifie en fait de faire n’importe quoi à n’importe qui, à partir du moment où on le fait naitre spécialement.

  • « Il vaut mieux mourir dans un abattoir, c’est moins de souffrances que mourir de ses blessures dans la nature par exemple. » Cet argument est fallacieux puisque les animaux souffrent énormément dans l’élevage, mais admettons : en tuant un animal, on lui rend service, puisque c’est pas marrant de mourir de vieillesse ou par une mort lente.

Cet argument justifie: de tuer n’importe qui, pourvu que ce soit relativement rapide (quelques secondes à quelques minutes, l’égorgement ne provoquant pas une mort immédiate). En particulier les gens qui ont une maladie grave mais aussi ceux qui risquent d’en attraper une. En fait n’importe qui. Notons qu’un argument très proche a été utilisé pour justifier l’esclavage des Noirs: on disait que leur vie d’esclave était plus confortable que leur vie en Afrique, que la vie là-bas était très dure, qu’ils se tuaient entre eux de toutes façons, que donc la vie d’esclave était préférable. Tout comme on dit aujourd’hui que la vie d’animal domestique est préférable à la liberté d’animal sauvage.

  • « La mort, ce n’est pas grave, c’est la souffrance qui est grave. » Cet argument part du principe que pour les animaux, la mort est moins grave que la souffrance. La souffrance sert pourtant un but, celui de la survie, et on sait que certains animaux montrent qu’ils préfèrent une intense douleur à une mort certaine. Mais le problème est évident de transposer cet argument aux humains, alors que chacun sait que ce n’est pas si simple.

Cet argument justifie : de tuer tous les gens qui ont une maladie qui peut les faire souffrir, même s’ils vont guérir ensuite. De tuer en fait n’importe qui, parce que quand on est mort, on souffre pas. En fait, on devrait tous se suicider.

  • « Les animaux ne peuvent pas être sujets de droits puisqu’ils ne savent pas comment exercer leurs droits ». Argument souvent utilisé dans les milieux anarchistes, qui pourtant ne sont pas contre les droits des enfants, que je sache. Ils savent donc qu’être sujet de droit n’oblige pas à être agent de droit, qu’on peut exercer des droits sans les comprendre.

Cet argument justifie: de priver de tout droit les enfants, les personnes handicapées mentales, certaines personnes âgées. D’une façon plus générale, il faudrait que les gens les plus intelligents aient plus de droits que les gens les moins intelligents, puisque ces derniers savent moins bien comprendre leurs droits.

  • « Les inuits, eux, sont bien obligés de manger de la viande pour vivre ». Ou encore « Les hommes préhistoriques mangeaient de la viande« . Cet argument fait appel à l’exemple de personnes en situation de survie pour justifier le comportement de personnes n’étant pas dans cette situation. Or, les situations de survie justifient tout et n’importe quoi, on a par exemple vu des personnes manger les cadavres suite à des accident d’avion. Mais il y a aussi eu des cas de cannibalisme où on tuait des gens pour les manger.

Cet argument justifie : le cannibalisme, ou d’une façon générale, tout ce qui peut être fait quand notre vie est menacée. On peut aussi justifier de faire tout ce que faisaient les hommes préhistoriques. Si vous avez des poux, gardez-les.

  • « Les pauvres ne peuvent pas manger de viande ». Il faudrait donc que les personnes qui ont les moyens d’en manger, en mangent. De même, au lieu de combattre la pauvreté, il est préférable de jouir de sa richesse un maximum.

Cet argument justifie: de porter de la fourrure très chère, de rouler dans des voitures de sport, de manger du caviar à la louche et de remplacer l’eau de table par du champagne.

  • « On tue des insectes quand on marche dans l’herbe » ou encore « mais quand tu roules en voiture, tu pollues ». Autrement dit: même en étant végane, on est pas parfait, on peut encore nuire à autrui (rapport à l’idée que les véganes se croiraient purs, parfaits et au-dessus de tout, voire « mythe de la pureté« ).  Autrement dit: rien ne sert d’être moins nuisible, puisque de toutes façons, on l’est.

Cet argument justifie : de pousser ta grand-mère dans l’escalier pour rigoler. De faire exprès d’écraser des chats en voiture (tu écrases bien des moustiques contre ton pare-brise). Et puisque tu écrases des chats en voiture, pourquoi pas écraser aussi des gens? Allez, un petit jeu: aveugle: 1 point, poussette: 5 points, mère de famille: 3 points + 1 point par enfant supplémentaire.

  • « Si on mange plus des vaches, y en aura plus ». Cet argument n’est pas très clair : on ne sait pas vraiment quel est le problème. Cela consiste à refuser le changement pour refuser le changement. On pourrait l’associer avec celui-ci: « Supprimer la viande fera disparaitre des emplois ». Tout changement est donc non souhaitable, car il entraine d’autres changements.

Cet argument justifie : d’entériner tout changement social. de laisser tomber toutes les luttes contre la prostitution organisée  en réseaux (y compris celle des enfants), puisque ça fera disparaitre les emplois des proxénètes. De ne pas supprimer la peine de mort là ou elle existe, puisque cela fera des emplois de bourreaux en moins.  De conserver la locomotive à vapeur, puisque les charbonniers n’existeront plus un jour. Oh, wait…

  • « Si on mange plus les animaux,on saura plus quoi en faire ». Tout changement implique de réfléchir à de nouvelles solutions. Cet argument rejoint un peu les précédents. Cela revient à dire: pour l’instant, on a une mauvaise solution, qui est de tuer tous ces animaux, mais si on décide de ne pas les tuer, il faudra trouver quoi en faire. Cet argument n’est pas très intéressant puisque les animaux de boucherie n’existent que parce qu’on les fait reproduire (quant aux poissons… ils existent de moins en moins). Mais enfin il justifie aussi pas mal de choses:

Cet argument justifie également de laisser tomber toutes les luttes contre la prostitution organisée  en réseaux (y compris celle des enfants), parce qu’une fois que les victimes de ces réseaux ne se prostitueront plus, il faudra bien qu’elles fassent quelque chose. Si on y réfléchit bien, ça justifie aussi de manger n’importe qui, puisque les humains sont nombreux, et qu’on ne sait pas toujours quoi en faire.

  • Enfin, mon préféré : on a déjà eu, sur ce blog, des questions du style « mais au fond, pourquoi le bien c’est bien, et le mal c’est mal ?« . Pour justifier la viande, certaines personnes se mettent carrément à douter que le bien soit préférable au mal, que l’absence de souffrance soit préférable à la souffrance, qu’être bienveillant soit mieux qu’être malveillant. J’ai envie de dire: pourquoi pas? Mais si quelqu’un vous bute pour piquer votre carte bleue, il faudra pas venir pleurer. Après tout on n’est pas très surs que le bien soit vraiment bien et le mal si mal que ça. Et si vous avez mal quelque part, vous n’avez qu’à essayer de vous convaincre qu’en fait vous avez du plaisir. De quoi transformer les rages de dent en autant de petites fêtes.

Cet argument justifie : strictement tout. Les guerres, les génocides, les viols, les meurtres, absolument n’importe quoi.

 

 

Liste à compléter ! Et vous, est-ce que vous voyez d’autres arguments pour justifier de tuer des animaux pour leur viande? Est-ce qu’ils peuvent justifier d’autres choses aussi ?

 

via : lesquestionscomposent.fr

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