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Les dépressions cyclothymiques : de Hecker à aujourd’hui

La majorité des cyclothymiques présente des états dépressifs et souvent c‘est la raison principale de consulter.

C’est inéluctable. Ce sont les phases de la maladie qui font le plus de mal. Les patients et leurs entourages sont plus attentifs à ces phases de bas qu’aux moments de hauts, souvent considérés comme des phases de santé, voire même les phases « les plus saines » et normales. Cependant, ces phases sont de courte durée, plus courte que les phases dépressives au cours desquelles le sujet subit le contraste par rapport aux phases « hautes ».

 

 

 

 

 En reprenant les descriptions de Hecker et de Kahn

La dépression se manifeste par un état d’inhibition psychomotrice extrême, une pensée confuse, lente, des sensations émoussées, l’impression d’avoir un mur érigé entre le sujet et le monde extérieur (la sensation d’un rideau qui tombe). La conversation avec les autres devient pénible et le travail devient une corvée, même pour les activités au quotidien les plus simples. Une anxiété intense est mêlée aux sentiments de tristesse et des gémissements ; les cyclothymiques sont les patients les plus plaintifs. Des pensées suicidaires, même inattendues (à ne pas prendre à la légère), qui sont atténuées et soulagées quand elles sont ouvertement exprimées.

La perception de leur état comme une énorme souffrance ; ils sont envahis par l’absence totale d’espoir et de courage ; leur entourage croit que la rémission est impossible, malgré les épisodes antérieurs similaires ; et cela à cause du fait que « ça n’a jamais été autant grave que cette fois-ci » - ainsi chaque rechute dépressive donne l’impression que c’est la pire de toutes et les chances de rémission impossibles. Dans ces phases, les cyclothymiques ont tendance à l’évitement social ; ces personnes n’aiment pas être vues dans ces états de déchéance psychologique ; soit c’est à cause de l’inhibition physique (obligés de rester au lit) ou pour sauver la face. Ainsi, le cercle d’amis est protégé et mis à l’écart de cette souffrance. Mais le patient court le risque d’être incompris par ses amis.

Quand ils se plaignent, ils rapportent plutôt des plaintes somatiques ce qui leur vaut l’étiquète d’hypocondriaques. Souvent, l’intensité de se plaindre est un indice d’une intrusion de symptômes hypomaniaques au sein de la phase dépressive.
Un signe particulier : la persistance malgré l’état de fatigue et d’inhibition d’une tendance marquée à tout critiquer et à râler. Ils sont d’éternels insatisfaits ; ils se plaignent de l’état sanitaire de leur chambre, de la qualité des repas, de l’attitude des infirmières… Pour Hecker, c’est un point spécifique des cyclothymiques.
Hecker utilise l’exemple d’une machine qui a perdu son huile et continue de fonctionner ; les roues qui se frottent péniblement – le résultat = un fonctionnement psychique pénible, douloureux et lent…

 

 

Dans les études récentes

Les dépressions cyclothymiques se démarquent des dépressions unipolaires et même des autres dépressions bipolaires (type II) par :
- un âge de début précoce (avant l’âge de 20 ans)
- un nombre de symptômes dépressifs plus important au sein de l’épisode
- une fréquence élevée de certains symptômes dépressifs comme la culpabilité, les idées de mort et plus d’agitation psychomotrice (états mixtes)
- un degré de récurrence plus élevé
- une sévérité globale plus prononcée avec un score moyen sur l’échelle de dépression plus important
- un risque suicidaire plus élevé
- un taux le plus élevé de diagnostics erronés antérieurs
- un niveau élevé du tempérament irritable (ce qui explique l’observation de Hecker)
- un délai plus court du virage hypomaniaque sous antidépresseurs

Les états dépressifs mixtes sont également plus fréquentes dans la cyclothymie. On s’attend dans la cyclothymie, à ce que les épisodes dépressifs ou hypomaniaques soient plus volontiers de nature mixte.
Pourquoi la mixité ?
Même en phase dépressive, on ne perd pas sa cyclothymie. Ce mélange de dépression et d’instabilité fait que les symptômes de haut et de bas co-existent et se superposent. Donc, survenue des dépressions irritables, agitées, avec excitation mentale, une tension interne intense…

Pour Hecker, la dépression cyclothymique est totalement différente de la simple mélancolie. En fait, il y a plus d’inhibition, un désir de suicide pressant, un besoin excessif de sommeil (dans la mélancolie, le sujet dort mal), une intrusion constante d’indices d’excitation hypomaniaque avec cette fâcheuse tendance à critiquer tout… De plus la survenue brusque, l’âge de début précoce et la durée plus brève, différencient la dépression cyclothymique de la mélancolie commune ou initiale.

Source Auteur : Dr Hantouche
"J‘apprends à gérer ma cyclothymie", éditions Josette Lyon, 2010

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