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  • Anorexie masculine : l'homosexualité est un facteur à risque



    L’anorexie on connait et on sait qu’elle touche majoritairement les femmes, cependant on estime que 10 à 15% de ces troubles de l’alimentation concernent les hommes. Un chiffre non négligeable et croissant et si de nombreuses raisons peuvent en être la cause, il semblerait que l’homosexualité soit un facteur non négligeable.
    Des statistiques à prendre avec des pincettes ?
    Selon des études, 10 à 42% des hommes qui déclarent souffrir de trouble de l’anorexie se déclarent homosexuels ou bisexuels. Ce chiffre est 2 à 8 fois plus élevé que dans la population générale. D’après le médecin en charge de cette étude, les statistiques sont à prendre avec précaution mais il semblerait en effet que les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont plus fréquents chez les homosexuels.
    Les raisons ?
    Un éventuel besoin de correspondre aux critères des gays sur les questions de poids. Selon ce même médecin, les homosexuels présentent une plus grande insatisfaction quant à leur physique, se rapprochant même des exigences connues chez un public féminin sans pour autant devoir répondre au même diktat de la mode. Les gays prennent comme référence les icones masculines de la mode, musclés. Il semblerait également que la pression communautaire entre en jeu poussant les plus fragiles à l’anorexie ou la boulimie.
    Pourtant si l’on parle beaucoup de l’anorexie féminine, il est plus rare d’entendre parler d’anorexie masculine car plus méconnus et sans doute parce qu’un homme parle moins de ces problème, surtout d’un problème accessoirement associé à la femme. Moins bien informés, les hommes sont moins facilement dépistés.
    Si l’anorexie est prise en charge rapidement, elle permet au malade de ne pas s’installer dans un souci qui peut malheureusement durer des années. Il faut se poser les bonnes questions et ne pas hésiter à en parler avec son médecin, car très souvent, ces problèmes débutent à l’adolescence.

    «J’ai le souvenir d’une sensation de liberté physique nouvelle et délicieuse, comparable à une ivresse permanente. Tout mon corps se délestait du fardeau d’exister. J’étais heureux.» Marqué par une enfance difficile, Antonio est tombé dans les troubles alimentaires incidemment, lorsqu’à l’âge de 16 ans, son médecin lui prescrit une diète pour soulager des spasmes intestinaux. L’adolescent contrôle son alimentation, jongle avec les régimes, expérimente le jeûne et les mono-diètes, dans une volonté de «purification corporelle et spirituelle». Un comportement alimentaire qui finit par entraîner de graves complications. Aujourd’hui Antonio a 40 ans, il pèse 55 kg pour 176 cm. Le contrôle exercé sur son alimentation lui confère un sentiment de toute-puissance et de maîtrise d’un destin qu’il juge ingrat. «Je n’ai pas choisi cette homosexualité qui me classe dans une catégorie minoritaire, méprisée par la société.»
    Statistiques à prendre avec précaution
    Selon les études, 10 à 42% des hommes souffrant de troubles du comportement alimentaire (TCA) se disent homo- ou bisexuels, soit 2 à 8 fois plus que dans la population générale. Des chiffres qui tendraient à identifier l’homosexualité comme un facteur de risque important. Le Dr Perroud, psychiatre responsable d’une unité de soin pour les troubles alimentaires à la Clinique des Vallées, en France voisine, tempère: «Les statistiques sont très variables et sont à prendre avec précaution, mais il semble bien en effet que les troubles alimentaires soient un peu plus fréquents chez les homosexuels que dans le reste de la population masculine.» Une prévalence accrue qui pourrait s’expliquer par une plus grande sensibilité des gays aux questions de poids. «Les hommes homosexuels présentent une plus grande insatisfaction vis-à-vis de leur physique que les hétérosexuels, poursuit le Dr Perroud. Ils se rapprochent en cela des femmes, même s’ils ne subissent pas le même diktat de la minceur.» Les gays se réfèrent en effet aux canons de beauté masculine, corps musclés et charpentés. Or le désir de muscles est plutôt un facteur protecteur, puisque maigrir, c’est aussi perdre du muscle. Les gays sont donc, comme tous les hommes, moins obsédés de minceur que les femmes. Pourtant, plus que les autres hommes, leur insatisfaction physique, entretenue par une pression communautaire intense, peut les conduire à vouloir contrôler excessivement leur poids et les faire tomber dans l’anorexie ou la boulimie.
    Les gays plus tourmentés?
    François, anorexique depuis 7 ans, approuve cette théorie: «Je ne pense pas qu'il y ait un lien direct entre mes TCA et mon homosexualité, mais je pense que c’est le cas pour d’autres. Le milieu gay est pire que le milieu féminin. Culte de la beauté, de la jeunesse, de la minceur, c’est un monde impitoyable où il faut être assez fort pour résister.» Ce jeune homme de 32 ans situe l’origine de ses troubles alimentaires dans des sévices subis tout au long de son enfance et de son adolescence – une expérience qui tendrait à accréditer une autre thèse selon laquelle les gays, déstabilisés par la découverte de leur différence, particulièrement à l’adolescence, seraient aussi plus tourmentés que les autres, et donc plus sensibles aux TCA. «C’est une idée répandue, mais les statistiques montrent qu’il n’en est rien, corrige le Dr Perroud. Toutes les personnes souffrant de troubles alimentaires ont une personnalité plus anxieuse que la moyenne, une image de soi moins bonne, des traits obsessionnels. Les anorexiques homosexuels n’en souffrent pas davantage que les autres.» Reste que les difficultés rencontrées par les gays ont certainement une influence globale sur leur bien-être psychologique. «Beaucoup tombent dans la prostitution ou la drogue. Moi c'est l'anorexie», conclut François.
    Diagnostic difficile
    Force est de constater que, si l’intérêt des médias et du grand public pour les problèmes de l’anorexie et de la boulimie chez la femme va croissant, les troubles alimentaires chez l’homme restent largement méconnus. «Les hommes sont peu enclins à parler de leurs problèmes, parfois par honte de souffrir d’une maladie traditionnellement associée à la femme, mais le plus souvent parce qu’ils n’ont tout simplement pas conscience d’être malades.» Moins bien informés, les hommes sont également moins facilement dépistés. Les médecins de famille, pas plus que le reste de la population, ne s’inquiètent généralement d’une maigreur excessive chez un homme. D’autant que le critère absolu d’anorexie chez la femme qu’est l’absence de règles n’existe bien évidemment pas chez l’homme. Pourtant, selon le Dr Perroud, le diagnostic est moins difficile qu’on ne croit. «Le médecin doit contrôler l’indice de masse corporelle et, en cas de doute, ne pas hésiter à poser des questions précises: Avez-vous des crises d’alimentation effrénée? êtes-vous obsédé par votre poids? avez-vous peur de trop manger? En posant les bonnes questions, on obtient souvent une réponse.» Dépistés plus tôt, les troubles alimentaires peuvent alors être traités plus efficacement, car si la guérison spontanée existe, quand les TCA s’installent à l’adolescence, ils ont tendance à se poursuivre à l’âge adulte. Les prendre en charge au plus tôt permet d’éviter au malade de s’installer dans une chronicité qui peut durer des années.
    Anorexie, boulimie, même combat
    Ces symptômes sont deux facettes d’un même mal qui se manifeste notamment par une préoccupation tyrannique de l'apparence. L’anorexie entraîne des restrictions alimentaires drastiques qui aboutissent à une perte de poids toujours plus importante pouvant, dans des cas extrêmes, mettre l’individu en danger. La boulimie, elle, est faite de crises de voracité frénétique et irrépressible aboutissant à une prise de poids que le malade essaie de compenser en se faisant vomir, en prenant des laxatifs ou en pratiquant une activité physique intense. «Vouloir maigrir est donc commun à l’anorexie et à la boulimie, explique le Dr Perroud. Dans un cas, le malade y parvient, dans l’autre il fait des crises qui l’empêchent d’atteindre son but».
    Lesbiennes immunisées?
    Les données concernant la prévalence des troubles alimentaires chez les lesbiennes sont peu claires. Certaines études mettent en avant un risque plus faible de développer anorexie et boulimie que pour les femmes hétérosexuelles du fait d’une moindre sensibilité aux canons de beauté imposés par la société. Selon ces études, en étant «moins féminines» (les personnes concernées apprécieront), elles sont moins perméables à la pression exercée par la presse et la publicité qui exigent toujours plus de minceur aux femmes.
    Des études plus récentes mettent en garde contre ce qu’elles considèrent comme une idée reçue et affirment que les femmes homo- et bisexuelles ne sont absolument pas immunisées contre les très hauts standards esthétiques que notre culture impose aux femmes et qu’elles sont autant sujettes aux troubles alimentaires que les hétérosexuelles. La prévalence des TCA est estimée à 1 à 3% de la population féminine.
    source za-gay